Depuis des lustres, la microélectronique est motorisée par les processeurs x86 d'Intel du côté de l'informatique personnelle et professionnelle, et par les coeurs Risc d'Arm dans l'embarqué (c'est-à-dire à peu près tout le reste). Simplifiant la vie des développeurs, ces quasi-monopoles de fait semblaient assurer la stabilité du secteur et un avenir florissant pour ces deux sociétés. Mais voilà que cette stabilité est remise en cause. Du côté d'Intel, chaque semaine apporte son lot de rumeurs de dislocation de la firme de Santa Clara. Suite au renvoi de son CEO Pat Gelsinger, qui sait ce qu'il va advenir de ses usines, de ses circuits logiques programmables et de ses équipes de design ?
Pour Arm, dont certains clients ont d'ailleurs l'ambition de tailler des croupières à Intel jusque dans les ordinateurs portables, l'avenir n'est pas beaucoup plus clair. Après une revente avortée, son actionnaire principal, le Japonais SoftBank, le considère comme son atout maître dans la course à l'intelligence artificielle. Mais pour l'heure, ce sont les utilisateurs de coeurs Arm, tels Nvidia, qui récoltent l'essentiel de la manne de l'IA. Et quand le Britannique augmente ses coûts de licence pour profiter à son tour de cette aubaine, il risque de se déconnecter d'autres clients qui pourraient lui préférer, par exemple, des coeurs open source RISC-V. D'où, peut-être, la décision d'Arm de produire ses propres puces - en l'occurrence, selon le Financial Times, des processeurs pour centres de données pour Meta. Ce serait un tournant à 180° dans la stratégie historique d'Arm, qui potentiellement le mettrait en concurrence avec ses propres clients... Et les bruits de couloir selon lesquels SoftBank souhaiterait en parallèle mettre la main sur Ampere Computing et ses processeurs à coeurs Arm pour data centers n'aident pas à clarifier la situation !