Après de multiples signes annonciateurs, la chute du marché des mémoires se matérialise enfin, et douloureusement, pour les fabricants concernés. SK hynix vient de recenser des pertes qui dans son cas atteignent 2,9 milliards de dollars lors du dernier trimestre écoulé – à peu près équivalentes aux bénéfices engrangés il y a un an par le Sud-Coréen. Le reflux des ventes de PC, la saturation du marché des smartphones, l’inflation et les conflits géopolitiques affectent lourdement la consommation mondiale d’électronique grand public, principale consommatrice de mémoires Dram et flash.
Après avoir lourdement investi en nouvelles capacités de production, les ténors du secteur – Samsung, SK hynix, Micron et Kioxia – font face à des stocks importants et à une demande en berne. Conséquence classique : les prix dégringolent, et les marges avec. Fin décembre, Micron annonçait lui aussi ses premières pertes depuis des lustres, ainsi que des ventes trimestrielles en baisse annuelle de 47%. Kioxia a annoncé réduire de 30% sa production de mémoires dès le mois d’octobre dernier. Samsung Electronics souffre tout autant, mais peut compter sur ses autres activités en semi-conducteurs (processeurs, capteurs d’images, afficheurs, fonderie) pour compenser partiellement la chute de ses ventes de mémoires.
Après plusieurs exercices fastes, une année de vaches maigres se profile donc pour le quatuor, habitué à ces montagnes russes. Le marché s’étant déjà considérablement resserré entre leurs seules mains, cela ne devrait guère avoir de conséquences à long terme, hormis peut-être pour Kioxia, l’ex-division mémoires de Toshiba, qui est de toute façon dans une situation instable et pourrait logiquement tomber dans l’escarcelle de son compagnon de route Western Digital.