A moins qu’il ne s’agisse que d’un énième rebondissement dans un soap opera qui commence à s’essouffler, Nexperia aurait donc décidé de jeter l’éponge – et l’usine galloise de Newport avec. Acté en 2021, le rachat de cette usine de composants de puissance par le fabricant historiquement néerlandais (mais majoritairement détenu par le Chinois Wingtech) a depuis été retoqué par les pouvoirs publics britanniques. Motif officiel : Newport serait en mesure de fabriquer des composants relevant de la sécurité nationale, si tant est que la possibilité future d’une production d’amplificateurs en nitrure de gallium (GaN) ou en carbure de silicium (SiC) mette réellement en péril la couronne britannique. Le contexte politique semble ici peser plus lourdement que la guerre technologique entre les Etats-Unis, toujours fidèlement secondés par le Royaume-Uni, et la Chine. La majorité conservatrice cherche désespérément à redorer son blason depuis le pari perdu du Brexit et les mandats pour le moins controversés de Theresa May, Boris Johnson et Liz Truss. Alors, pourquoi pas jouer la carte du patriotisme industriel ? A défaut d’un réel plan de bataille politique concernant l’avenir des semi-conducteurs outre-Manche, le sort de la plus grande usine de puces du royaume y déchaîne logiquement les passions. Même si sa vente à Nexperia ne s’élevait qu’à 75 millions de dollars, ce qui indique à quel point l’importance de Newport est bien plus symbolique qu’industrielle.