A peine annoncé, le European Chips Act bénéficie d’une ovation quasi-unanime de la profession. Cela n’a rien d’étonnant quand les pouvoirs publics s’apprêtent à déverser des milliards sur une industrie qui vient par ailleurs d’enregistrer des résultats records. Enfin, l’Union européenne prendrait des mesures d’importance pour renforcer l’indépendance du Vieux Continent en semi-conducteurs et soutenir ses start-up technologiques !
Ne rentrons pas dans les détails du plan : il est encore extrêmement flou dans ses moyens (répartition public/privé, intégration de programmes déjà en cours) et clairement “politique” dans son objectif affiché d’attirer 20 % de la production mondiale de puces dès 2030. Si l’Europe parvenait seulement à maintenir sa part de marché à 10 %, ce serait déjà un résultat positif au vu des récents investissements colossaux en Asie et aux Etats-Unis.
Rappelons plutôt que l’Europe détient 27 des 100 plus grandes banques mondiales, contre 19 pour la Chine et 11 pour les Etats-Unis. D’ailleurs, pas moins de quatre banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et le groupe BPCE) figurent parmi les sept principales en Europe. A quoi sert ce puissant secteur bancaire s’il investit plus volontiers dans les bulles financières à haut rendement, en attendant d’être secouru par les deniers publics lors du prochain krach, plutôt que dans l’économie réelle ? A longueur d’annnées, nous rencontrons des dirigeants français et européens qui peinent à trouver les financements nécessaires au développement de leurs activités. Si les start-up et les usines de circuits intégrés se concentrent dans la Silicon Valley ou à Taïwan plutôt qu’en Europe, ce n’est pas à cause du coût de la main d’oeuvre ou des charges. Il est question de compétences techniques bien sûr, mais aussi de communautés financières locales (banques et investisseurs) qui jouent pleinement leur rôle. Et auxquelles les pouvoirs publics ne sauraient se substituer.