NXP Semiconductors a obtenu un prêt d'un milliard d'euros auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI), officiellement pour financer sa R&D. A priori, on se dit que c'est une bonne chose que l'Europe soutienne les entreprises continentales, notamment dans le secteur de la high-tech. En y regardant de plus près, ce genre d'opérations soulève toutefois des interrogations.
Première remarque : pourquoi passer par la BEI et pas par une banque traditionnelle ? Lorsqu'une entreprise de la taille de NXP a besoin d'étendre sa ligne de prêt, elle s'adresse généralement à son banquier. Sise au Luxembourg, la BEI, elle, n'est ni une banque privée ni une émanation de la Banque centrale européenne (qui, seule, peut émettre de la monnaie), et sa manne ne provient pas du budget de l'UE. Il ne s'agit que d'un intermédiaire qui se procure des fonds sur les marchés internationaux des capitaux (lesquels prennent leur marge au passage) et les octroie ensuite à des projets, principalement européens mais pas seulement, sélectionnés par ses actionnaires et ses gouverneurs, à savoir les pays membres de l'UE. Son avantage est de bénéficier de l'aura de l'Union européenne ; cela lui octroie une excellente note sur les marchés financiers et donc des prêts à taux faible.
Deuxième remarque : est-ce bien le rôle des institutions européennes, donc des contribuables européens, de venir au secours de multinationales florissantes en quête de prêts avantageux ? Lors des douze derniers mois, NXP a distribué à ses actionnaires pas moins de 2,4 milliards de dollars sous forme de dividendes et de rachats d'actions, soit 87% de son cash flow. N'aurait-il pas été judicieux d'en utiliser une plus grande partie pour financer la R&D de l'entreprise ? Ou pour rembourser une partie de ses dix milliards de dollars de dette à long terme ? Et d'ailleurs, NXP est-elle réellement une entreprise européenne ? Lorsqu'en 2005 Philips a décidé d'externaliser ses activités semi-conducteurs pour en tirer un maximum de profit, l'essentiel des parts de NXP ont été acquises par un quarteron d'investisseurs américains. A ce jour, les principaux actionnaires de NXP sont les groupes américains Fidelity, JP Morgan, Vanguard, Wellington, BlackRock et consorts. In fine, l'Europe utilise donc son crédit économique pour arrondir les marges d'actionnaires américains.
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