Les fournisseurs de semi-conducteurs présents en Europe réclament déjà un Chips Act 2. Rassemblés au sein de l’organisme de lobbying ESIA, qui siège à trois arrêts de bus de la Commission Européenne à Bruxelles, les ST, Infineon, NXP, Intel, Soitec, TI, Bosch, GlobalFoundries, Nexperia et consorts ont précisé cet été leurs recommandations envers l’Union Européenne pour la période 2024-2029. Et ils ne sont ni timides, ni équivoques dans leurs demandes.
Citant toujours l’objectif irréaliste de produire 20% des puces mondiales en 2030, l’organisation réclame que toutes les réglementations européennes, y compris celles concernant l’environnement par exemple, suivent « une approche pro-business ». Estimant par ailleurs être un maillon essentiel de la politique climatique européenne, l’ESIA aimerait que l’Europe ne limite pas son utilisation de matériaux et de substances chimiques et qu’elle exclue les semi-conducteurs des impératifs de réutilisation, recyclage et réparation. Elle plaide pour la nomination d’un Monsieur puces (qu’on imagine pioché dans ses rangs ou, à tout le moins, coopté par elle) qui serait responsable de l’ensemble de la stratégie européenne en semi-conducteurs, et aimerait que l’UE troque ses restrictions commerciales (lesquelles concernent essentiellement la Chine et, depuis l’attaque de l’Ukraine, la Russie) contre « une approche plus positive basée sur le soutien et l’incitation ».
Les financements publics européens de programmes de R&D devraient, eux, se concentrer sur les savoir-faire présents en Europe (donc profiter aux fabricants déjà installés, membres de l’ESIA), et impliquer davantage et plus en amont ces industriels dans le choix des technologies visées. Enfin, il reviendrait aux pouvoirs publics européens d’attirer les jeunes vers l’électronique, « en expliquant l’impact des semi-conducteurs sur la vie de tous les jours et en ciblant les écoles, dès le primaire ».