Coup sur coup, deux annonces majeures laissent entrapercevoir une résurgence de la production de circuits intégrés de pointe au Japon. Battu sur son propre terrain par Taïwan et la Corée du Sud depuis la fin des années 90, l’archipel nippon peine à maintenir la présence d’usines de microélectronique sur son territoire et, pire encore, envisage avec un effroi chargé d’histoire la perspective de devoir compter sur le voisin chinois à long terme.
Or TSMC va construire avec/pour Sony un site flambant neuf de production de composants (sans doute des capteurs d’images, mais pas uniquement), tandis que l’Américain Micron Technology annonce la construction d’une fabrique de mémoires Dram qui devrait entrer en service en 2024 – un peu en avance de phase par rapport à la prochaine pénurie de mémoires donc. Deux usines estimées chacune, au doigt mouillé, à 7 milliards de dollars, donc une part faramineuse (la moitié dans le cas de l’usine Sony/TSMC selon le Nikkei Asia) est prise en charge par les pouvoirs publics.
Du temps des barrières douanières, les industriels devaient régulièrement soudoyer les autorités locales d’un pays afin d’obtenir la permission d’y implanter des usines et d’accéder à leur marché intérieur. Désormais, c’est l’inverse : les pays “riches” doivent faire bonne figure (et grosses subventions) pour que les industriels daignent s’installer chez eux. Comme quoi, les multinationales peuvent se montrer tout-à-fait favorables à l’intervention de l’Etat dans l’économie…