La main invisible du marché a de gros doigts

Le 21/10/2024 à 7:23 par Frédéric Rémond

Une petite erreur… à 60 milliards d’euros. Tel est le montant de la capitalisation boursière d’ASML qui s’est envolée le 15 octobre. En cause : la publication, par erreur, des résultats trimestriels du leader mondial des équipements de production de semi-conducteurs, une heure avant la clôture de la Bourse d’Amsterdam. Désagréablement surpris par des carnets de commandes dans la fourchette basse des prévisions du Néerlandais, les investisseurs ont été pris dans une panique qui a entrainé d’autres actions du secteur, y compris l’emblème de la bulle high-tech, Nvidia. D’ordinaire, les résultats et prévisions des sociétés cotées sont annoncées après la fermeture des cours, ce qui leur laisse le temps de procéder à des explications le cas échéant.
Pourtant, avec 2,1 milliards d’euros de bénéfice net sur un chiffre d’affaires de 7,5 milliards au troisième trimestre, les résultats d’ASML n’ont rien d’alarmants – ils feraient même saliver bon nombre d’entreprises. Ces résultats ne sont pondérés que par quelques reports de construction ou d’équipement de lignes de production neuves. Des reports qui étaient en partie prévisibles, tant la récente frénésie d’annonces de nouvelles usines de puces semblait surréaliste et artificiellement dopée aux subventions publiques. Seulement, en Bourse, peu importe au fond de gagner ou perdre de l’argent : l’essentiel est de le faire dans les proportions prévues par les analystes, c’est-à-dire, de plus en plus, par les algorithmes.

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