En dépit de l'inflation galopante, 2,5 milliards de dollars reste une somme considérable. C'est le prix, entièrement payé en numéraire, sur lequel Infineon et Marvell se sont entendus pour que l'Allemand mette la main sur les composants Ethernet automobiles de l'Américain. Cette activité représente un chiffre d'affaires annuel compris entre 225 et 250 millions de dollars ; s'élevant à dix fois les ventes annuelles, le prix d'acquisition semble donc raisonnable - en ligne avec, par exemple, ce qu'onsemi a récemment proposé à Allegro MicroSystems. La gamme de composants rachetée comprend des circuits d'émission-réception et de commutation Ethernet couvrant des débits allant de 100Mbit/s à 10Gbit/s. Ils s'acoquineront avec les microcontrôleurs Aurix d'Infineon dans des plateformes complètes destinées aux véhicules qui, de plus en plus, comptent sur le protocole Ethernet pour faire face au volume de données croissant qu'ils génèrent et exploitent.
A l'heure où les ventes de véhicules électriques déçoivent en Occident, l'Allemand joue quitte ou double en tentant de renforcer sa mainmise sur le marché des puces automobiles, qu'il domine déjà globalement (13,5% de part de marché devant NXP et ST). Dans le détail, pour les applications automobiles, Infineon est le leader mondial des composants de puissance (29,2%, devant ST et TI) et des microcontrôleurs (32% devant Renesas et NXP), et le dauphin de Bosch en capteurs. Géographiquement, il règne sur les marchés européens, sud-coréen et chinois et se place en deuxième position au Japon et en Amérique du nord. Bref, l'automobile demeure, avec l'industriel, au cœur de la stratégie d'Infineon, qui a le mérite de la cohérence (les deux débouchés ne manquent pas de synergies) et de la stabilité.