Mise en avant comme filière émergente stratégique pour la France, la télémédecine bénéficie d’un contexte favorable. Pour aller plus loin que le déploiement de projets et de démonstrateurs, le moment est maintenant venu de s’engager dans de véritables expérimentations à grande échelle. Le déploiement encadré des solutions de télémédecine permettra ainsi de préfigurer au mieux les conditions d’un financement pérenne portant sur les différentes options de prise en charge, condition nécessaire au développement commercial de ces solutions.
L’Etat a décidé d’apporter son soutien à la télémédecine. Une première étape a été engagée en ce sens. Dans le cadre d’une récente réunion du CSIS (Conseil stratégique des industries de santé), un Contrat de filière Industries et technologies de santé a été signé cet été. Il prévoit des engagements forts en matière de recherche et de formation, tels que le doublement du nombre de jeunes en alternance dans les entreprises de santé,
Mais au delà de ce soutien de principe, il faudra une volonté politique affichée, avec l’accompagnement des organismes d’assurance de santé (assurance maladie, mutuelles), à l’image de ce qui s’est produit en Allemagne dans le cadre d’un programme de surveillance à domicile des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque. Plus de 16 000 patients ont ainsi été pris en charge pour cette affection outre-Rhin. Un programme analogue va également démarrer en France au Centre hospitalier René-Dubos de Pontoise, avec le soutien de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, mais avec 330 patients seulement. C’est bien peu lorsque l’on sait que l’insuffisance cardiaque touche en France un million de personnes !
Le frein à la généralisation de telles intiatives ne vient pourtant pas des patients. En effet, selon une récente enquête de BVA-Syntec Numérique, les trois quarts des Français sont déjà prêts à échanger régulièrement des messages par mail ou SMS avec leur médecin traitant à propos de leurs problèmes de santé bénins, ne nécessitant pas de consultation. Dans le cas de problèmes médicaux plus importants, le résultat est également probant : pouvoir contacter par ce biais l’équipe soignante chargée du suivi d’une maladie chronique est une attente pour 83 % des Français ; et pour 82% d’entre eux lorsqu’il s’agit d’un suivi post-opératoire.
D’autres barrières restent aussi à franchir, et non des moindres : convaincre le personnel médical, établir une réglementation dédiée à l’e-santé, et enfin lever les questions juridiques liées à ce mode de soins à distance.