Intel a cédé 49 % des parts de son usine Fab 34 située à Leixlip (à proximité de Dublin), laquelle vient de démarrer son activité de production de puces en process Intel 4 et Intel 3. L’acquéreur est le groupe financier Apollo Global Management, pour un montant de onze milliards de dollars. Officiellement, il s’agit pour Intel d’alléger la facture de cette usine, qui lui a jusqu’à présent coûté 18,4 Md$, afin d’allouer les fonds dégagés à « d’autres parties de son business ».
Officieusement, l’objectif consiste peut-être surtout à rassurer des actionnaires qui s’inquiètent des dépenses initiées par Pat Gelsinger afin de remettre l’outil industriel d’Intel à la pointe de la technologie, pour ses propres composants mais aussi en tant que fondeur externe. L’action d’Intel a perdu la moitié de sa valeur par rapport aux pics de la pandémie, alors que celle d’AMD a largement dépassé ces sommets boursiers de fin 2021 – et ne parlons pas de celle de Nvidia. Or, pour rassurer un actionnaire, rien ne vaut des caisses remplies et des dividendes juteux.
Bien évidemment, cette médaille a un revers. La Fab 34 ne sera plus la seule propriété d’Intel, mais va faire l’objet d’une joint venture, comme s’il s’agissait d’une entreprise indépendante. Concrètement, la moitié ou presque de ses bénéfices iront dans la poche d’Apollo, qui n’est pas un aréopage de philanthropes et en attendra une forte rentabilité. En 2022, Intel avait déjà cédé 49% de son usine en Arizona à Brookfield Infrastructure Partners pour 15 milliards de dollars. Cela privera donc Intel d’une partie des marges et de la flexibilité qui justifient de construire et d’exploiter ses propres lignes de production. Mais l’Américain avait-il le choix pour imposer sa stratégie à long terme ?