Gilets jaunes et économie verte

Le 03/12/2018 à 13:18 par La Rédaction

La crise actuelle liée à l’affrontement – dans tous les sens du terme – entre les Gilets jaunes et le gouvernement va bien au delà du simple aspect de l’automobile. Il n’empêche: la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est bien la hausse de la taxe carbone qui va mécaniquement faire augmenter le prix du carburant en janvier prochain (+6 centimes pour le diesel, +3 centimes pour le sans plomb), à moins que le gouvernement ne recule sur ce point face à la gronde populaire.
 
L’objectif est simple : taxer davantage les énergies fossiles pour, d’une part, inciter les gens à acheter des véhicules moins polluants afin de limiter les émissions de CO2 et, d’autre part, engranger de l’argent pour développer l’économie verte. Sauf que cela ne passe pas du tout auprès d’une frange de la population aux faibles revenus, en proie à un sentiment d’injustice particulièrement fort puisqu’elle ne peut, bien souvent, se passer de véhicule et n’a pas les moyens d’acheter une voiture moins polluante, même avec les aides de l’Etat et même si ce type de véhicule s’avère moins coûteux sur le long terme (voir, dans cette newsletter, l’article sur l’étude d’UFC Que Choisir sur le coût du véhicule électrique). Bref, ce type de mesures d’écologie dite punitive n’est sans doute pas la bonne solution puisqu’elle impacte financièrement davantage les classes dites populaires, en réduisant leur pouvoir d’achat. Une écologie uniquement incitative (accroître les aides de l’Etat pour l’achat d’un véhicule tout-électrique, par exemple) aurait sans doute eu un impact plus fort et aurait été bien mieux perçue.
 
Mais quelle que soit la méthode, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Pour inciter les gens à basculer vers des véhicules tout-électrique, encore faut-il qu’il y ait une offre suffisante et satisfaisante en la matière. Or, force est de constater que l’on est très loin du compte car les efforts effectués jusque là par les pouvoirs publics et l’industrie automobile autour de la voiture 100% électrique s’avèrent insuffisants pour espérer un réel décollage du marché.
 
Bien qu’elles se développent, l’offre pour ce type de véhicule s’avère limitée, leur autonomie trop faible et la couverture du territoire en infrastructures de recharge trop restreinte, surtout en territoire non urbain. D’ailleurs, selon l’Ademe, les véhicules tout-électrique ne comptent encore que pour 1,26% des voitures neuves immatriculées en France (sur la période janvier-octobre 2018). Autrement dit, quasiment rien. Et tant que les véhicules électriques n’afficheront pas un prix d’achat et une autonomie proches de ceux d’un véhicule à moteur thermique, tant que des bornes de recharge ne seront pas implantées dans toutes les stations-service du territoire, et tant que la recharge de ces véhicules ne sera pas réalisée en seulement quelques minutes, il y a peu de chance que la part de marché du véhicule électrique décolle réellement.

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