Il y a dix ans environ, Samsung lançait son smartphone Galaxy S2, l’un des derniers modèles phares équipés d’une coque arrière amovible en plastique. L’avantage de cette coque était double. Premièrement, en cas de chûte, le plastique amortissait le smartphone bien mieux que les coques ultra-rigides qui sont aujourd’hui de mise. Deuxièmement, en ôtant cette coque arrière d’un coup d’ongle, l’utilisateur accédait à l’intérieur du smartphone et notamment à la batterie, elle aussi amovible : il était donc très aisé de la changer après deux ou trois ans pour redonner une deuxième vie à l’appareil, ce qui aujourd’hui est impossible ou impose de se payer les services d’un réparateur.
Si les fabricants de smartphones ont soudé les batteries et verrouillé l’accès aux entrailles de leurs appareils, ce n’est pas seulement, comme ils l’avancent en général, pour gagner un ou deux millimètres d’épaisseur. Le fait est que les gains de performances entre un nouveau modèle et son prédécesseur sont aujourd’hui très faibles, et n’incitent plus les consommateurs à changer de téléphone ; le renouvellement est désormais motivé, le plus souvent, par les dégâts occasionnés lors d’une chute ou par l’essoufflement naturel de la batterie, et donc directement lié à l’irréparabilité planifiée des smartphones. D’où l’importance de la volte-face d’Apple qui, poussé par des clients mécontents et des législations naissantes, commence enfin à rationaliser sa politique de pièces détachées. Mais il reste beaucoup à faire, notamment permettre d’utiliser des pièces issues de l’économie circulaire (par exemple récupérées sur d’autres smartphones hors d’usage), surveiller le prix et la qualité des pièces détachées, et s’assurer que les fabricants n’obligent pas, d’une manière ou d’une autre, leurs clients à passer par eux pour réparer leurs smartphones.