Ces dernières années, le jeu vidéo est devenu un luxe. La pénurie de consoles de dernière génération a enrichi des revendeurs sans scrupules écoulant quelques rares pièces au double du prix de vente conseillé. Les cartes graphiques pour PC ont, elles, atteint des prix stratosphériques, multipliés par deux en trois ans. En cause, la pandémie de Covid et sa double conséquence : augmentation de la demande (bloqués chez eux, les utilisateurs ont voulu ou dû renouveler leurs ordinateurs et consoles), baisse de l’offre (toute la chaine logistique a été gravement perturbée, y compris du côté des semi-conducteurs).
Depuis le retour à une situation sanitaire normale et le reflux du minage de cryptomonnaies, le prix des processeurs graphiques aurait déjà dû refluer. Pourtant, les ventes de cartes graphiques PC ont continué de baisser de manière très significative (-38% en volume entre les derniers trimestres 2021 et 2022), en grande partie parce que leurs tarifs sont restés très élevés. D’autant plus que l’inflation grignote le pouvoir d’achat des joueurs, favorisant un marché de l’occasion qui s’est, par nécessité, beaucoup développé. Pourquoi les prix des cartes graphiques n’ont-ils pas déjà baissé assez pour relancer ce marché, alors même que les stocks sont plus que conséquents ? Il est permis de penser qu’en sortie de pandémie, Nvidia et AMD ont tenté de maintenir leurs prix élevés le plus longtemps possible, d’autant moins enclins à céder sur leurs marges que l’intelligence artificielle constitue désormais un débouché significatif pour leurs GPU.
La situation devrait bientôt devenir plus favorable aux joueurs avec le lancement de nouvelles cartes d’entrée de gamme, propres à enfin tirer les prix vers le bas. Ironiquement, un des stimuli de cette détente des prix est l’arrivée sur ce secteur de l’outsider Intel. Par le passé, on a pourtant plus d’une fois reproché à l’Américain d’abuser de sa position dominante sur un marché (les processeurs x86) dont il ne laissait à son concurrent AMD que des miettes suffisantes pour que sa position de quasi-monopole ne soit pas trop voyante.