Ce numéro de la lettre sur la santé nous présente une information révélatrice du dilemme soulevé par l’invasion de notre quotidien par la technologie. Les pouvoirs publics allemands interdisent les smartwatch pour enfants équipées de microphones et activables à distance par les parents. Motif : une utilisation indue du dispositif. En effet, certains parents se seraient servis de cette montre pour espionner les cours auxquels participe leur enfant.
Nous voici donc au cœur du dilemme : d’une part, la sécurité et la transparence – puisque la montre en question sert à localiser l’enfant via GPS et à savoir ce qui se passe là où il est ; d’autre part, la liberté et le secret – puisque la même montre limite la liberté de l’enfant et du professeur en ce que le parent est susceptible d’intervenir à partir de renseignements extorqués indûment.
Ce débat est central aujourd’hui : en effet, la technologie permet toujours davantage de sécurité, celle-ci allant de pair avec toujours davantage de transparence. Ce qui marginalise la notion de secret constitutive de la liberté. Le secret recèle en effet la possibilité de surprendre autrement dit d’activer sa créativité. On se souvient de cette réponse de Serge de Diaghilev à Jean Cocteau qui lui demandait ce qu’il devait faire : « Etonne-moi ! ».