Broadcom a fait parvenir à VMware une offre de rachat valorisant à 61 milliards de dollars le spécialiste des logiciels et services pour centres de données et cloud. Opération purement financière ? On sait l’appétit de Broadcom et de son CEO Hock Tan pour les acquisitions faramineuses depuis la fusion de Broadcom et d’Avago. L’opération permettrait également à Broadcom de se diversifier en-dehors des semi-conducteurs et de devenir un poids lourd multicarte des réseaux de données, avec un pôle logiciel englobant l’actuel Broadcom Software (qui pèse un quart des revenus de Broadcom) et les solutions de virtualisation de VMware.
Les actionnaires, eux, ont appris à faire confiance au savoir-faire de Broadcom en matière de grosses opérations financières. Depuis novembre 2016 et le rachat de Brocade (5,5Md$), suivi de ceux de CA technologies (18,8Md$) et Symantec (10,7Md$), la capitalisation boursière de Broadcom a presque quadruplé, réussissant bien au-delà de la moyenne du Nasdaq et seulement dépassé par quelques ténors comme Nvidia et ASML.
Reste la question du timing. Il est permis de penser que le marché des semi-conducteurs a atteint le haut de son cycle, un pic prolongé de manière inopiné par les problèmes d’approvisionnement causés par la pandémie. Tout porte à croire qu’un cycle bas se profile, peut-être dès l’année prochaine. Or, la pénurie a été telle que les sociétés fabless, comme Broadcom, ont dû signer depuis deux ans des engagements à long terme auprès des fondeurs de composants : si la demande faiblit, ces engagements soudain surdimensionnés grèveront fortement leur rentabilité, et donc leur capitalisation boursière. En somme, c’est sans doute, pour les sociétés fabless, le bon moment de dépenser son crédit boursier.