Suite à l’annonce américaine de nouvelles restrictions limitant l’exportation de puces vers la Chine, la valorisation boursière des fabricants de composants aurait diminué en quelques jours de 240 milliards de dollars selon Bloomberg. Les investisseurs craindraient les effets de ces contrôles renforcés, la Chine fabriquant la majeure partie des appareils électroniques vendus dans le monde – y compris ceux dont dépend l’économie américaine.
Reste à savoir si cette baisse de capitalisation boursière n’est qu’une réaction épidermique et temporaire aux annonces américaines, ou bien si elle s’inscrit dans une curée aux conséquences imprévisibles. Après l’éclatement de la bulle internet en 2000 et celle de l’immobilier en 2007-2008, aucun mécanisme sérieux n’a été mis en place pour encadrer les investissements et prévenir les crises. Disposant plusieurs années durant d’argent « gratuit » grâce aux politiques occidentales de faibles taux d’intérêt, et encouragée par les besoins de connectivité numérique (donc d’électronique) induits par le confinement mondial, la finance, bien consciente que les Etats viendront in fine couvrir les risques qu’elle prend, a jeté son dévolu sur les valeurs technologiques. Entre la fin 2018 et la fin 2021, le Nasdaq est passé de 6600 à 16000 points, le Philadelphia Semiconductor Index (SOX) de 1100 à 3900 pts, l’action TSMC de 200 à 650 dollars taïwanais, AMD de 15 à 150$, Nvidia de 30 à 300$, STMicroelectronics de 10 à 45€… Toute la question est désormais de savoir si l’explosion de cette bulle des semi-conducteurs, que les différents plans de subventions nationales lancés ces derniers mois tentent de contenir, fera boule de neige sur d’autres pans de l’économie mondiale.