Le plus souvent, les fusions et acquisitions sont applaudies par tous les commentateurs. La valse des milliards empêche d’en jauger la pertinence, et le secteur concerné s’esbaudit devant tant d’argent échangé, tant de synergies annoncées, tant de promesses de plans sociaux susceptibles de faire grimper les cours en bourse.
Bigger is better ?
Mais bigger ne rime pas toujours avec better. La fusion annoncée de Raytheon et de United Technologies, censée générer un nouveau géant de la défense, suscite ainsi de nombreuses critiques. Critiques de la Maison Blanche, le président américain ayant publiquement fait savoir qu’il craignait que cette opération nuise à la concurrence du secteur et fasse encore monter les prix des équipements militaires. Critiques des analystes financiers, dont certains s’interrogent sur le timing de l’opération alors que United Technologies est encore en train d’absorber Rockwell, racheté l’an passé pour 30 milliards de dollars, et de se séparer d’activités historiques comme les ascenseurs Otis et les climatiseurs Carrier. Critiques des actionnaires, qui ont fait perdre 5% aux deux actions durant la semaine de l’annonce, et s’interrogent sur la logique industrielle et financière justifiant l’association des activités militaires de Raytheon et aérospatiales de United Technologies. Et il est permis de penser que, du côté de Boeing et Airbus, on s’inquiète déjà du gain de poids de ce fournisseur avec lequel il serait à l’avenir plus difficile de négocier…