L'industrie des semi-conducteurs est peuplée de concurrents frontaux dont le duel se poursuit sur plusieurs décennies. Intel et AMD, Cadence et Synopsys, Texas Instruments et Analog Devices... Pendant longtemps, le secteur des circuits logiques programmables de pointe se résumait pour ainsi dire au couple formé par Xilinx et Altera. Et le parallèle entre les deux fabricants de FPGA s'était poursuivi jusque dans leurs rachats, le premier par AMD, le second par Intel. Leurs chemins ont alors divergé : Xilinx semble avoir joui d'une assez grande indépendance sous la houlette d'AMD, tandis qu'Intel souhaitait davantage plier les FPGA d'Altera à ses besoins, par exemple pour accompagner ses processeurs pour centres de données.
Mais Intel, qui cherche à financer son redressement, vient de céder la majorité d'Altera à un fonds d'investissement. Altera retrouvera-t-elle alors une indépendance qui lui permettrait de rattraper le terrain perdu vis-à-vis de Xilinx ? A voir. D'une part, Intel conserve pour l'instant 49% des parts d'Altera, donc le géant de Santa Clara a encore son mot à dire sur les orientations technologiques de son ex-filiale. D'autre part, dans ce type d'opérations, l'investisseur entend bien récupérer sa mise avec intérêts, ce qui se traduit généralement par un serrage de boulons à tous les étages, y compris la R&D. L'avenir dira si Silver Lake, le nouvel actionnaire majoritaire d'Altera, compte essorer le fournisseur de FPGA ou bien l'inscrire dans une vision à long terme en lui donnant les moyens de se positionner au coude à coude avec Xilinx.