L’objectif de l’Union européenne de couvrir 80 % de la population de ses états membres avec des compteurs d’électricité intelligents d’ici 2020 ne sera vraisemblablement pas tenu. C’est du moins ce qu’il ressort d’une récente étude émanant du cabinet d’analystes Berg Insight. La première raison invoquée est la décision prise par l’Allemagne de ne pas déployer, comme initialement prévu, de tels compteurs sur son territoire. Un pays traditionnellement plutôt enclin à adopter de nouvelles technologies dans le domaine énergétique. Une étude du cabinet d’audit financier Ernst & Young, en la circonstance mandaté par le gouvernement allemand, ayant en effet conclu que l’adoption à grande échelle de compteurs intelligents n’était pas dans l’intérêt (économique) du consommateur.
La seconde raison citée par Berg Insight est liée au retard pris dans un certain nombre de pays, dont la France. A cet égard, les atermoiements autour de la mise en chantier des compteurs Linky, un projet présenté comme véritable enjeu national, en sont un probant exemple. En conséquence, le cabinet mise plutôt sur un taux de pénétration des compteurs intelligents dans l’UE compris entre 60 % et 70 % d’ici la fin de la décennie.
Cependant, bien que le rythme de déploiement ne soit pas celui escompté par la Commission européenne, Berg Insight met en avant un taux d’adoption tout de même élevé. Ainsi, au cours des six prochaines années, la base installée de compteurs d’électricité intelligents devrait croître de 18,5 % par an. Elle passerait ainsi de 61,5 millions d’unités fin 2013 à 170,1 millions en 2019. “D’ici 2019, plus de 100 millions de foyers européens devraient être pourvus de dispositifs de comptage intelligent, capables de communiquer avec le smart grid” prophétise Tobias Ryberg, analyste senior et auteur du rapport.
Si ce dernier s’appuie sur les calendriers officiels de mise en place des compteurs d’électricité intelligents, publiés par les états membres de l’UE, il ne minimise pas les retards possibles de certains projets, tant pour des raisons techniques que financières. Sans oublier l’opposition des consommateurs pour lesquels cette nouvelle technologie est perçue comme une source de surcoût et une atteinte à leur vie privée.