“Quel est le vrai prix maximum auquel vous seriez prêt à acheter Qualcomm ? Est-ce à 82 dollars l’action ou davantage ?”, demande noir sur blanc le président du conseil de Qualcomm Paul Jacobs au P-dg de Broadcom Hock Tan, qui, lui, avait affirmé lundi que son offre était “sa meilleure et dernière”.
Le groupe américain de semi-conducteurs Qualcomm vient de rejeter, pour la deuxième fois, une offre hostile record de rachat lancée par son concurrent Broadcom tout en proposant de le rencontrer. Cette offre de 121 milliards de dollars (97 milliards d’euros) hors dette, “sous-évalue” Qualcomm, estime le groupe. L’offre ne répondrait pas “aux engagements réglementaires stricts qu’exigerait le conseil d’administration” de Qualcomm, écrit ce dernier dans une lettre à Broadcom.
Un rachat de Qualcomm créerait un nouveau géant dans le secteur des semi-conducteurs en pleine consolidation depuis ces dernières années et va devoir relever les défis que pose le développement de technologies liées aux véhicules autonomes et à la 5G. L’examen d’une telle opération par les autorités de la concurrence se révèlerait long et ardu. Parfois, le régulateur pose des conditions – comme des cessions d’actifs – avant de donner un éventuel feu vert.
“Quel est le vrai prix maximum auquel vous seriez prêt à acheter Qualcomm ? Est-ce à 82 dollars l’action ou davantage ?”, demande noir sur blanc le président du conseil de Qualcomm Paul Jacobs au P-dg de Broadcom Hock Tan, qui, lui, avait affirmé lundi que son offre était “sa meilleure et dernière”. Précisément, poursuit M. Jacobs, cette proposition ne prend pas en compte le fait que Qualcomm est en train de racheter son concurrent néerlandais NXP ou encore “les perspectives importantes” que va permettre l’arrivée de la 5G, l’internet mobile ultrarapide. L’offre “est inférieure à nos perspectives en tant que groupe indépendant et est très inférieure” aux montants pratiqués dans le secteur des semi-conducteurs, estime-t-il.
Autre question à laquelle Qualcomm souhaite que son concurrent réponde lors d’une rencontre : “est-ce que Broadcom est prêt à s’engager à prendre toute action nécessaire pour s’assurer que la transaction proposée aille à son terme” ? “Si Qualcomm s’engageait dans un accord de rachat et qu’après un long délai d’examen par les autorités de régulation, l’opération ne se faisait pas, Qualcomm subirait des dégâts très importants et irréparables”, estime M. Jacobs.
Qualcomm fait face à de nombreux contentieux en matière de concurrence dans le monde et vient notamment de se voir infliger une amende de près d’un milliard d’euros par la Commission européenne. Une autre enquête européenne est en cours contre le groupe, qui s’est soldée par une amende de 770 millions de dollars en 2017 à Taïwan. En outre, Qualcomm est engagé dans un long et complexe contentieux juridique avec Apple, à propos de soupçons de violations de brevets.