Le japonais paie le prix fort pour se renforcer en composants analogiques et mixtes destinés notamment aux infrastructures télécoms et réseaux, à l’informatique et au grand public.
Renesas Electronics s’est lancé dans une phase d’acquisitions hors de l’archipel, entamée par le rachat, il y a deux ans, d’Intersil, pour la coquette somme de 3,2 milliards de dollars. Le japonais double aujourd’hui la mise en mettant la main sur un autre américain, IDT, pour 6,7 milliards de dollars. Cette offre, qui sera essentiellement financée par plus de 6Md$ d’emprunts bancaires et qui valorise IDT à près de 30% au-dessus de son dernier cours boursier du mois d’août, a été logiquement accueillie à bras ouverts par les actionnaires de l’américain. La facture assez salée se justifie en partie par la bonne santé financière d’IDT, qui a enregistré un chiffre d’affaires de 842,8 M$ (pour 124 M$ de bénéfice) en 2018. Son offre se répartit entre les capteurs (flux, gaz, humidité, position, traitement du signal), les radiofréquences (amplificateurs, atténuateurs, mélangeurs, commutateurs…), la gestion de puissance (y compris sans fil pour la recharge de smartphones), les composants de synchronisation (génération et distribution d’horloge) et les circuits d’interconnexion (liaisons PCIe et RapidIO, connexions optiques, interfaces télécoms) et de mémoires (Sram, Fifo, interfaces et distribution).
Pour Renesas, il s’agit donc de poursuivre la diversification de son portefeuille de composants en acquérant, après le rachat d’Intersil, le savoir-faire d’IDT en circuits analogiques. Autre vertu de ce rachat : diminuer la dépendance du japonais vis-à-vis du secteur automobile, qui absorbe plus de la moitié de sa production. On reconnaitra à cette opération le mérite de ne quasiment pas présenter de doublons entre les trois entités susnommées, et de poursuivre l’internationalisation du management de Renesas, lequel n’a pas toujours été aussi performant qu’escompté. Le prix semble être assez élevé, mais Renesas appartient majoritairement au fonds INCJ adossé à l’État japonais et cette transaction marque aussi la volonté politique nipponne de ne pas laisser sombrer son industrie de la microélectronique quitte y à investir massivement des deniers publics, à l’image de ses voisins sud-coréens et chinois.