Le gouvernement a salué une “accélération” du rythme des embauches chez Nokia. Pourtant, fin février, un nouveau plan de 500 suppressions de postes était d’ores et déjà annoncé. Par ailleurs Nokia ne semble plus voir de potentiel significatif pour son pôle santé numérique constitué essentiellement de la start-up française Withings rachetée en 2016 pour 170 millions d’euros.
Le 13 mars dernier, une rencontre a eu lieu au ministère de l’Economie entre les pouvoirs publics, les syndicats et l’entreprise Nokia. Syndicats, pouvoirs publics et direction ne s’accordent pas sur les embauches chez Nokia. Selon les syndicats, il y a “un décalage” entre les engagements pris et la réalité. L’entreprise a bien accéléré le recrutement, mais seulement en R&D ce qui “ne suffit pas” à combler la perte de 500 emplois.
Au terme de cette réunion, le gouvernement a salué une “accélération” ces derniers mois du rythme des embauches chez Nokia. “Nous avions constaté l’année dernière qu’il y avait un dérapage et que Nokia était passé en-dessous de l’effectif sur lequel il s’était engagé”, a rappelé la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, Delphine Gény-Stephann. Le président de Nokia France, Thierry Boisnon, l’a confirmé : “notre objectif d’avoir 2500 personnes à la fin 2018 en R&D sera sans doute atteint pendant l’été, soit avant le délai initial de fin 2018”.
“Le compte n’y est pas” pour les syndicats
Problème : l’entreprise a promis qu’il n’y aurait pas de nouveau plan tant que l’effectif de 4200 salariés ne serait pas atteint sur les sites de Nozay et Lannion. Pourtant, fin février, un nouveau plan de 500 suppressions de postes était d’ores et déjà annoncé en 2018-2019.
Sur le site de Lannion, les syndicats refusent d’admettre le motif économique des licenciements. Ils dénoncent également le non-respect des engagements pris en accord avec le gouvernement. “Le compte n’y est pas”, dénoncent les délégués syndicaux. Selon eux, les embauches progressent, certes, mais seulement celles en R&D.
L’Etat finlandais a annoncé parallèlement avoir investi 844 millions d’euros pour constituer une participation de 3,3% dans Nokia et conforter l’influence nationale sur l’équipementier télécoms. Repositionné sur les équipements de réseaux, Nokia emploie désormais environ 6300 personnes sur une population active totale de 102800 personnes en Finlande.
Nokia pourrait abandonner Withings
Par ailleurs Nokia ne semble plus voir de potentiel significatif pour son pôle santé numérique “en difficulté”, qui produit notamment des trackers d’activité et des montres connectées, selon Reuters, qui reprenait des informations initialement publiés par le site d’information technologique The Verge. Le groupe finlandais a annoncé le 15 février une revue stratégique de ce pôle, pouvant ou non conduire à une transaction, deux ans seulement après sa création.
La santé numérique, qui fait partie de la division Nokia Technologies, est l’un des segments sur lequel le finlandais comptait pour trouver des relais de croissance dans un contexte de ralentissement du marché des équipements télécoms. Nokia avait racheté en 2016 pour 170 millions d’euros la start-up française Withings dans le but de s’implanter sur le marché des objets connectés dédiés à la santé. Mais au troisième trimestre 2017, il a comptabilisé un écart d’acquisition de 141 millions d’euros.
Les autres activités de la division Nokia Technologies, comme les brevets et les licences de marque, ne sont pas concernées par l’examen stratégique. Nokia Technologies a aussi lancé en 2015 une caméra de réalité virtuelle baptisée Ozo, dont le développement a été interrompu l’an dernier.