Dans le cadre d’une cession du sous-traitant éolane, pour lequel Cofidur, Cicor et Synov ont manifesté leur intérêt, les représentants du personnel d'éolane ont publié un communiqué intitulé éolane, démantèlement d'un acteur majeur de l'industrie française.
Les représentants mentionnent le fonds d’investissement français Hivest, « supporté à sa création par la BPI et actionnaire majoritaire d’éolane depuis 2017 », qui a décidé de vendre « à la découpe », le groupe et ses 2500 salariés. Il s’agirait d’une part de céder la partie française (1000 personnes) qui sous-traite à plus de 50% dans des domaines souverains (défense, nucléaire, ferroviaire), et d’autre part de conserver trois usines rentables à l’étranger (Chine, Estonie et Malaisie) avec une holding basée au Luxembourg. Aux yeux d’Hivest, cette opération « stratégique » vise à se libérer au plus vite des pertes des sites français dont les « restructurations successives managées par des directions mises en place par Hivest n’ont su endiguer les difficultés économiques ». Par ailleurs, pour la partie exportations, « il faut sauvegarder le trésor de guerre afin de rembourser le prêt FDES (fonds pour le développement économique et social) de 30M€ souscrit auprès de l’Etat, et récupérer la mise lors d’une vente ultérieure ». L’opération de vente, initiée il y a un an, a engendré une nouvelle conciliation « pré-pack cession » le 5 décembre 2024, menée par le cabinet Abitdol dans le but de trouver des repreneurs. Les représentants font remarquer qu’il s’agit de la énième conciliation gérée par le cabinet pour le compte d’Hivest après 2017, 2019, et 2022. Finalement, « ce n’est que trois mois après son déclenchement, le 3 mars 2025 au tribunal de commerce de Paris, que les salariés ont pu découvrir le sort qui leur était réservé, lors de la mise en cessation de paiement et mise en redressement judiciaire de la holding France, détentrice de l’ensemble des titres des filiales France », déplorent les représentants du personnel. Et pour cause : « la magie des conciliations pré-pack permet les négociations entre toutes les parties prenantes (acquéreurs-créanciers-actionnaires), excepté les salariés et leurs représentants », font-ils remarquer.
Depuis le 6 mars, les différents CSE (comité social et économique) peuvent consulter les trois offres qui doivent être consolidées dans moins de dix jours pour le jugement du 31 mars. La plupart des CSE jugent l’offre du Suisse Cicor comme « la moins défavorable par son périmètre de reprise, qui couvre six des sept entités françaises, face à celles de Cofidur et Synov qui se limitent à deux ou trois entités ». Les représentants du personnel insistent cependant sur le fait que l’opération ne doit pas tourner au « bradage » quand bien même la situation économique de la société exige une solution rapide, rappelant qu’elle est consécutive au « manque d’anticipation de la direction en 2023 et en 2024 ».
Le collectif rapporte que l’offre de Cicor a beau comprendre un apport « rapide et vital » de liquidités, elle entend également raboter de 20% les effectifs, via la mise en redressement judiciaire de trois entités sur les six reprises (soit 100 salariés) et un plan de restructuration pour le reste qui en concerne 50 autres. Ce plan de licenciement ne peut s’effectuer dans l’urgence, font remarquer les représentants, vu la conjoncture géopolitique. Et de citer le « plan de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense européenne » énoncé par le président français, sous couvert que les investissements demeurent sur le Vieux Continent.
La société pourrait subir une coupe des effectifs qui s’appuie aujourd’hui sur des ratios et un carnet de commande en baisse pour les entités reprises lors des quatre prochaines années. Or, 30% des ventes de l’Angevin proviennent du secteur militaire, grâce à Thales, Airbus ou Nexter. Dès lors, « comment parler de plan de licenciement, qui sera "aveugle" au vu du planning de cession, lorsque l’économie de guerre engagée par l’Etat français veut trouver de la capacité industrielle pour répondre au doublement des besoins auprès des donneurs d’ordres ? », fait remarquer le collectif. Dans cette perspective, les représentants du personnel d’éolane France, soutenus par les élus locaux du Maine-et-Loire, les représentants régionaux des Pays de la Loire et des parlementaires européens, demandent à Cicor « d’améliorer son offre en reprenant dans un premier temps l’ensemble du personnel des sites et, dans un deuxième temps, une fois la cession faite et en partenariat avec les représentant du personnel, en effectuant une restructuration nécessaire à la compétitivité et à la pérennité des entités, en prenant en compte les compétences et les savoir-faire, et en intégrant la complexité du marché français ».