Comme nous l’avions évoqué dès le 27 janvier dernier sur la foi d’informations émanant de Bloomberg (voir notre article), Alstom vient de confirmer son projet d’acquisition de Bombardier Transport traduisant l’accélération de la mise en œuvre de sa feuille de route stratégique. Alstom affirme qu’il existe de fortes complémentarités sur le plan commercial et en termes de produits entre les deux entités. Le prix d’acquisition sera compris entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros. CDPQ, la Caisse de dépôt et placement du Québec, deviendrait ainsi le premier actionnaire d’Alstom avec environ 18% du capital.
Alstom vient d’annoncer la signature d’un protocole d’accord avec Bombardier et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour l’acquisition de Bombardier Transport. Suite à cette opération, Alstom bénéficiera d’un carnet de commandes d’environ 75 milliards d’euros et d’un chiffre d’affaires d’environ 15,5 milliards d’euros. Le prix pour l’acquisition de 100% des actions de Bombardier Transport sera compris entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros et sera payé pour partie en numéraire et pour partie en actions nouvellement émises par Alstom. CDPQ s’est engagé à réinvestir environ 2 milliards d’euros dans Alstom, correspondant à 100% du produit net de cession de sa participation dans Bombardier Transport et à réaliser un investissement additionnel à hauteur de 0,7 milliard d’euros.
Avec cette fusion, l’entreprise française espère concurrencer le Chinois CRRC, leader mondial des trains avec un chiffre d’affaires de 28 milliards d’euros. Alstom deviendrait ainsi un numéro 2 extrêmement puissant avec 15,5 milliards d’euros de ventes.
Alstom et Bombardier évoluent dans un environnement de marché très positif avec une croissance du trafic de passagers estimée entre 3% et 5% par an sur la période 2015-2025 et une croissance globale du marché des équipements ferroviaires qui devrait atteindre 3% par an entre 2021 et 2023. Cette dynamique est portée par l’urbanisation croissante et le fort développement de la mobilité décarbonée. En Europe, la Commission Européenne a défini des objectifs très ambitieux en termes de réduction de CO2 et de nombreux pays ont annoncé de larges programmes d’investissement dans le rail.
Alstom est un acteur de premier plan dans le transport ferroviaire, avec un carnet de commandes record au sein de l’industrie à 40 milliards d’euros et un chiffre d’affaires annuel de 8,1 milliards d’euros à fin mars 2019. Au cours de la période 2016-2019, Alstom a connu une forte croissance de son chiffre d’affaires, avec un taux annuel moyen de progression de 5,5% supérieur à la croissance du marché, et a significativement amélioré sa rentabilité (avec une marge d’EBIT ayant atteint jusqu’à 7,5% du chiffre d’affaires).
Bombardier Transport est un acteur de référence dans le transport ferroviaire avec un carnet de commandes de 32 milliards d’euros et un chiffre d’affaires de 7,4 milliards d’euros à fin décembre 2019. Bénéficiant d’un statut de leader et d’une forte expertise, Bombardier Transport offre une gamme complète de produits sur l’ensemble des segments de marché.
A la suite de cette transaction, Alstom bénéficiera de technologies additionnelles de pointe et de ressources complémentaires en R&D, lui permettant de consolider son avance en matière d’innovation dans le domaine des solutions de mobilité durable.
Le groupe continuera de renforcer sa présence au Québec. Après l’opération, Montréal deviendra le siège des opérations d’Alstom pour les Amériques, menant l’ensemble des activités du groupe ainsi que son expansion dans ces géographies. De plus, en s’appuyant sur les forces reconnues du Québec en matière d’innovation et de mobilité durable, Alstom installera un centre d’excellence pour la conception et l’ingénierie, ainsi que pour les activités de R&D de haute technologie, qui se concentrera notamment sur le développement de solutions de mobilité durable.
Bombardier Transport apportera notamment à Alstom une présence géographique complémentaire permettant de renforcer l’accès d’Alstom à des marchés clefs, en s’appuyant sur les succès et la présence historique de Bombardier en Allemagne, au Royaume-Uni, en Amérique du Nord ou sur sa présence unique en Chine.
Ce projet d’acquisition a obtenu un accueil favorable de la part des autorités françaises. « Ce rapprochement permettra à Alstom de préparer l’avenir, dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus intense. C’est une excellente nouvelle pour la France, pour l’Europe et pour le Canada. Le développement d’une industrie ferroviaire européenne forte et compétitive est plus que jamais une priorité, compte tenu des besoins croissants en mobilité durable et intelligente. Le gouvernement veillera à ce que cette opération soit créatrice de valeur pour l’industrie française et européenne ainsi que pour les salariés d’Alstom, de Bombardier ou de leurs sous-traitants », a déclaré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui s’est entretenu avec Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne sur ce projet d’acquisition.
Comme l’exigent les règles européennes, il devra lui aussi être soumis par Alstom à l’approbation des autorités de la concurrence. Rappelons que ces mêmes autorités avaient refusé un rapprochement entre Alstom et la branche transport de Siemens par crainte d’une position monopolistique. Reste à savoir si ce dossier passera cette fois cette étape indispensable à sa réalisation.