Dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir, la ministre des Transports, Elisabeth Borne a présenté les lauréats de l’appel à projets « Expérimentation du véhicule routier autonome (Evra) ». Ces expérimentations, soutenues financièrement par l’Etat et qui se dérouleront dans différents points du territoire, permettront à la France de franchir une nouvelle étape avec des expérimentations de plus grande échelle et une grande diversité de cas d’usages.
Pour démultiplier les expérimentations sur les véhicules autonomes, le gouvernement avait lancé en juin 2018 un appel à projets pour des expérimentations de grande échelle, dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA). Cet appel à projet, baptisé Evra (Expérimentation du véhicule routier autonome) vise à soutenir des projets d’expérimentation de cas d’usages de véhicules autonomes, commercialisables d’ici 2022, dans le domaine de la mobilité individuelle, partagée ou collective, du fret et de la logistique. Ces projets concourront ainsi au développement de méthodologies de validation de la sécurité et à l’amélioration des connaissances sur les usages et l’acceptabilité.
80 expérimentations de petite échelle ont déjà eu lieu à travers le pays depuis 2015, qui ont permis de parcourir plus de 200 000 kilomètres cumulés. Alors que l’appel à manifestation d’intérêt avait permis à 13 territoires et 12 consortiums contenant des industriels de manifester leur intérêt, certains se sont ensuite regroupés pour former 2 larges consortiums qui ont présenté leur candidature à l’appel à projets. Cette phase d’organisation et de préparation des dossiers a duré un an. Les 2 projets ont été retenus, pour un total de 16 expérimentations de véhicules autonomes.
Les lauréats sélectionnés sont, d’une part, le projet SAM (Sécurité et acceptabilité de la conduite et de la mobilité autonome), conduit par la Plate-forme automobile (PFA). Il regroupe 13 expérimentations, correspondant à des roulages de véhicules sur des voies à chaussées séparées, un service de valet de parking, des services de transport à la demande dans un quartier urbain dense, des services de ligne de bus autonomes, la desserte d’une gare RER en milieu rural, des services de transport à la demande complémentaires au réseau de transports collectifs, un rabattement entre un établissement médical et son parking déporté par des navettes sans opérateur à bord, des services de mobilité autonome sur une emprise ferroviaire péri-urbaine, et des engins de livraison autonomes) ; d’autre part, le projet Ena (Expérimentations de navettes autonomes), conduit par l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar). Il regroupe 3 expérimentations portant sur des services de navettes autonomes en complémentarité du réseau de transport urbain et de desserte d’une zone rurale très peu dense.
Avec ce programme de 16 expérimentations, la France change d’échelle : c’est le cap de 1 million de kilomètres de circulation qui sera atteint à l’horizon 2022. Les consortiums lauréats ont présenté à l’appel à projets un budget global de 120 M€, l’Etat finançant 42 M€, soit à hauteur de 35% en moyenne. A ceci s’ajoutent les contributions des collectivités locales des territoires concernés, qui conduirait ainsi à des dépenses totales consacrées à ces expérimentations par les acteurs publics et privés de l’ordre de 200 M€.
« Si nous avons voulu tous ensemble cette stratégie, c’est parce que nous partageons la conviction que le développement des véhicules autonomes est une véritable opportunité dans notre combat pour une mobilité plus accessible à tous et dans tous les territoires », a déclaré la ministre des Transports, Elisabeth Borne, lors de la présentation des lauréats de l’appel à projets Evra.
“Je suis convaincue que ça peut être une solution dans des territoires où aujourd’hui on n’a pas d’alternative à la voiture, explique Elisabeth Borne. Et pour que l’on puisse dès l’an prochain autoriser des services avec des navettes autonomes, nous avons besoin d’engranger de l’expérience : c’est ce que nous ferons au travers de ces 16 expérimentations”.
L’une des expérimentations consiste, par exemple, en un service de deux navettes électriques autonomes desservant cinq communes de la communauté de communes Cœur de Brenne, dans l’Indre. “C’est un territoire rural comme il y en a beaucoup en France où on n’a pas d’autres solutions que la voiture”, souligne la ministre des Transports. Le véhicule autonome sera aussi une solution de désenclavement des territoires. “On a des personnes âgées qui ne peuvent plus aller faire leurs courses, ne peuvent pas aller chez le médecin”, a rappelé Elisabeth Borne à France Info.
Autre exemple : Sophia-Antipolis, dans les Alpes-Maritimes, “une zone d’activités où les entreprises sont dispersées”, indique Elisabeth Borne. “Evidemment, les bus ne vont pas jusqu’au pied de chacune des entreprises et, du coup, chacun est obligé de prendre sa voiture”, poursuit la ministre.
Emmanuel Macron avait exprimé, en février dernier, avec les plus grands acteurs mondiaux de l’automobile, l’ambition de la France d’expérimenter des véhicules aux plus hauts niveaux d’automatisation, avec pour objectif de mettre en place des services de transports pérennes dès 2020/2021, a rappelé Elisabeth Borne.