L’usage de drones emportant des armes est en plein développement dans le monde entier, dans le sillage des Etats-Unis. Mais la France reste à l’écart d’un tel équipement, souligne un rapport du Sénat.
“De nombreux pays utilisent désormais des drones armés. Dans notre pays la décision a été prise, de manière implicite, de ne pas armer les drones Il est temps d’ouvrir ce débat”, estiment Cédric Perrin et Gilbert Roger, co-présidents du groupe de travail qui a rédigé un rapport d’information intitulé “Drones d’observation et drones armés : une révolution militaire”, indique l’AFP.
Ce sont les Etats-Unis et Israël qui les ont utilisés les premiers, suivis par le Royaume-Uni. En Europe, depuis 2015, l’Italie a aussi obtenu l’autorisation des Etats-Unis d’armer ses drones américains Reaper. Au Moyen-Orient, “on assiste à une véritable prolifération des drones armés”, qui seraient utilisés par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Irak, l’Iran, le Pakistan et la Turquie, poursuit le rapport. D’autres pays en sont équipés ou envisagent de le faire, de la Chine à l’Asie centrale.
Si les drones armés sont polémiques, c’est qu’ils “déshumanisent” la guerre, selon leurs détracteurs. Avec eux, des pilotes agissent à distance pour réaliser des “assassinats ciblés”, contestables d’un point de vue éthique et juridique. Pourtant, les deux sénateurs estiment que ces drones offrent une plus grande réactivité. En effet, ils peuvent détecter une cible, et intervenir immédiatement, sans attendre l’arrivée d’un avion de chasse ou d’un hélicoptère. Du point de vue du droit, “les drones armés ne diffèrent pas des autres systèmes d’armes”, avancent-ils également, en faisant le distinguo avec les robots tueurs du futur. Ils doivent respecter les mêmes règles d’engagement qu’avions, hélicoptères, voire artillerie. “Le choix de la cible et du tir sont toujours effectués par un ou plusieurs opérateurs humains”, insistent les rapporteurs.
Un drone Male (Moyenne altitude, longue endurance) européen devrait bientôt être développé. Mais en attendant, la France pourrait armer ses Reaper achetés “sur étagère” aux Etats-Unis, dont cinq exemplaires sont actuellement déployés au Sahel.