Le rapport propose un moratoire de 2 à 3 ans pour la RNT. Une mise en sommeil qui pourrait bien lui être fatale alors que la diffusion de la radio sur IP et que les solutions de diffusion mobiles (via les smartphones et les tablettes) auront bien avancé à cette échéance.
Le rapport de David Kessler sur la RNT qui était considéré par beaucoup d’observateurs comme celui “de la dernière chance” a été remis au premier ministre François Fillon dès le 18 mars dernier, mais il vient seulement d’être rendu public par Matignon.
Ainsi, après avoir auditionné l’ensemble des acteurs concernés (service public de la radio, l’ensemble des représentants des radios privées de toutes les catégories, opérateurs de diffusion, équipementiers, constructeurs automobiles, etc.), David Kessler indique que “toutes les conditions ne sont pas réunies d’un point de vue économique pour permettre le déploiement à grande échelle de la radio numérique terrestre”.
Il ajoute que “les pouvoirs publics n’ont pas les moyens de financer la totalité du réseau”, tout en s’opposant à l’utilisation du grand emprunt pour lancer la RNT. Les positions des uns et des autres n’ont pas bougé : les grandes radios nationales ont “maintenu leur opposition à la RNT voire l’ont renforcée, estimant qu’elles ne pourraient pas supporter longtemps un coût de diffusion très faiblement compensé par des perspectives incertaines de recettes nouvelles”. À l’inverse, la RNT a bénéficié du soutien des radios associatives et du Sirti (syndicat des radios indépendantes), “sous réserve de sa faisabilité économique”, précise David Kessler. Compte tenu des expériences étrangères, et afin de tenir compte des quelques démarches initiées localement, David Kessler propose une alternative au déploiement rapide et à grande échelle de la RNT sous la forme d’un moratoire et d’une expérimentation à l’échelle locale, en Bretagne, région où le coût de cette expérimentation serait acceptable.
Un moratoire de 2 ou 3 ans est ainsi proposé, durant lesquels serait mis en place un observatoire relatif aux expériences étrangères, à la question des normes de diffusion ainsi qu’aux autres formes de numérisation du média radio.
Cet observatoire, placé sous l’égide du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), devrait regrouper les principales organisations des radios, les représentants des fabricants, des diffuseurs ainsi que les pouvoirs publics concernés. Autant dire qu’il s’agit d’une mise en sommeil (puisque David Kessler se refuse à affirmer dans son rapport que la RNT est enterrée en France). Une situation qui pourrait bien lui être fatale alors que la diffusion de la radio sur IP et que les solutions de diffusion mobiles (via les smartphones et les tablettes) auront probablement bien avancé à l’issue du moratoire.