En France, les produits électroniques et électroménagers seront dotés en 2020 d’un indice permettant de lutter contre l’obsolescence programmée.
Les produits électroniques et électroménagers seront dotés au 1er janvier 2020 d’un “indice de réparabilité”, calculé selon dix critères, afin de lutter contre l’obsolescence programmée, en diminuant la consommation de matières premières et en réduisant son impact environnemental.
Cet indice est l’une des “mesures-phares” de la feuille de route pour une économie circulaire, présentée par le ministère de la Transition écologique et solidaire le 23 avril dernier, et qui s’appuie sur des pratiques telles que le réemploi et le recyclage, en prônant la lutte contre les déchets, a expliqué la secrétaire d’Etat, Brune Poirson.
Selon le ministère, le modèle économique occidental et les habitudes de consommation qui s’y rattachent conduisent les consommateurs à “remplacer rapidement de nombreux équipements et appareils du quotidien au profit de nouveaux produits neufs, alors que beaucoup d’entre eux pourraient encore rendre des services”.
Ainsi, selon une étude de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), 88% des Français changent leur téléphone mobile alors qu’il fonctionne encore. En gardant son smartphone pendant quatre ans au lieu de deux, son utilisateur économiserait 37 kg de gaz à effet de serre, explique le ministère. Il est temps de passer à une étape supérieure : “l’allongement de la durée de vie des produits” du quotidien, estime le gouvernement. Avec l’objectif de faire comme les allemands qui, selon une autre étude de l’Ademe, économisent entre 60 et 137 millions d’euros par an grâce à l’allongement de la durée de vie des biens de consommation.
Afin d’élaborer ce nouvel indice, qui donnera lieu à une note sur dix et sera affiché de manière obligatoire, un “groupe de travail” a débuté ses travaux “la semaine dernière”, a expliqué Mme Poirson. Il rendra ses conclusions “d’ici la fin de l’année” et l’indice sera mis en place au 1er janvier 2020, a précisé la secrétaire d’Etat.
L’obsolescence programmée constitue un délit depuis août 2015, passible d’une amende 300.000 euros et jusqu’à deux ans de prison. L’objectif de cet indice est d’apporter au consommateur une information “utile et pragmatique”, tout en étant incitatif pour les fabricants et non pas une énième “norme absurde”, a-t-elle ajouté. “S’il ne fonctionne pas, nous passerons aux sanctions et aux mesures contraignantes”, a prévenu la secrétaire d’Etat.
Pour l’économiste Alexandre Delaigue, un indice de réparabilité est inutile, le principal frein étant le coût et les désagréments liés à la réparation. “Un étiquetage sur la +réparabilité+ ne dit rien sur le coût de cette réparation, sur la disponibilité du personnel, sur le temps que cela prend”, explique t-il au site internet du Figaro. “Si les gens changent de produits avant que ceux-ci cessent de fonctionner, c’est parce qu’ils veulent des choses nouvelles et performantes, ou qu’ils sont incités par les nouvelles réglementations du gouvernement”, ajoute M. Delaigue.