Le 2è forum des IRT (Instituts de recherche technologique) qui s’est tenu le 21 octobre dernier à Nantes, a été l’occasion de tirer un premier bilan, deux ans après leur démarrage. Plus de 120 projets de recherche ont été lancés. D’une durée moyenne de 3 ans, ces projets commencent à apporter des résultats concrets : des démonstrateurs, des premiers brevets (une quinzaine déjà déposés alors que les premiers projets de recherche ne sont pas encore arrivés à leur fin), des start-up en gestation ou création (trois en cours). Et les IRT montrent au quotidien qu’ils sont en mesure de monter et démarrer de nouveaux projets de recherche en 6 mois environ, ce qui est un véritable atout. Louis Schweitzer, Commisaire général à l’Investissement, revient sur les résultats obtenus.
Les IRT ont-ils relevé le pari de créer un nouveau modèle de recherche industrielle ?
Un IRT est un outil d’excellence. Aujourd’hui, ce sont huit IRT sur le territoire, qui représentent un investissement majeur de l’Etat : près de 2 milliards du Programme des investissements d’avenir (PIA). Ils visent à créer des centres de recherche mutualisés de référence et de grande envergure aux plans français et international sur huit domaines technologiques clés pour l’avenir de la France. Le modèle de recherche associant industriels et établissements de recherche publique au sein d’une structure commune et permettant de mieux partager les risques en tant que co-investisseurs était nouveau en France.
Qu’attendiez-vous de ce 2ème Forum des IRT ?
L’objectif de ce forum était de montrer par l’exemple que les IRT produisent des résultats, permettent d’innover plus rapidement, et embarquent les PME avec les grands groupes vers l’innovation. Il était aussi de renforcer avec les IRT les échanges de bonnes pratiques. S’il est prématuré de dresser une analyse globale de son impact sur notre système d’enseignement supérieur et de recherche ou sur notre tissu industriel, il est clair qu’une vraie dynamique est à l’oeuvre. Elle se traduit par des résultats concrets, mesurables, vérifiables, et ce, sur l’ensemble du territoire. Dans les IRT, nous voyons arriver des projets de recherche de bonne qualité, des pistes intéressantes.
Quelle place pour les PME dans les IRT ?
Les IRT ont déjà parmi leurs fondateurs des PME et des ETI, souvent membres d’un groupement qui les représente dans les structures de gouvernance. De nouvelles sociétés rejoignent ces groupements. Les premiers signaux concernant l’attractivité des IRT pour les PME et les ETI sont donc encourageants. Il est nécessaire de poursuivre dans cette voie et pour cela d’améliorer encore la réactivité des IRT dans le montage des projets, réactivité qui aux yeux des industriels constitue un
de leurs points forts.
Quelle place pour les IRT dans le renouveau industriel de la France ?
Le renouveau industriel français passe par la compétitivité dans l’innovation et la diffusion des résultats de la recherche dans les entreprises. C’est le coeur de métier des IRT. L’action des IRT s’inscrit dans la durée et dans un processus d’amélioration continue de leurs performances en matière de transfert de technologies et de montée en puissance des compétences. Ils doivent devenir des références à l’échelle internationale dans leur secteur technologique en matière de R&D, de valorisation et d’ingénierie de formation. Ces objectifs concernent l’IRT stricto sensu mais aussi les acteurs déterminants de leurs écosystèmes dans une logique d’entraînement.
Est-ce le rôle de l’Etat de financer les IRT ?
Bien sûr, mais pas seul ! Nous intervenons avec une visée stratégique claire, du point de vue industriel comme du point de vue financier. Nous agissons en tant que co-investisseur avec des industriels, afin de partager le risque, d’une part, mais aussi de rapprocher la recherche publique de la recherche privée. A travers les IRT, l’Etat prépare l’avenir de notre économie. Comme dans tout projet aussi ambitieux, le devenir des IRT est d’abord déterminé par l’atteinte de leurs objectifs techniques et de la satisfaction de leurs partenaires et des investisseurs. Gageons qu’en cas de succès, à l’issue du PIA en 2019, devenus fers de lance de la recherche technologique dans leurs domaines respectifs, ils seront en position de trouver auprès de leurs partenaires privés les relais de leur croissance future. L’Etat pourra ainsi prendre de nouveaux risques et préparer l’économie d’après-demain.