Au cours d’un séminaire d’une journée, Jean Lepagnol, expert en brasage et collage, passe en revue les différences de mentalité, de culture et d’organisation des Allemands et des Français. Il pointe notamment comme raisons de la compétitivité des sociétés allemandes, leur culture du respect de la règle et leur excellente aptitude à communiquer.
ElectroniqueS : Vous êtes un expert dans le domaine du brasage et du collage conducteur en électronique. Comment se fait-il que vous apparaissiez maintenant comme spécialiste des relations professionnelles franco-allemandes?
Jean Lepagnol : Mon expérience dans le domaine du brasage et du collage conducteur a été acquise non seulement en France mais, pour une grande part, dans un environnement international, en particulier avec des sociétés allemandes. J’ai travaillé en Allemagne et aussi en France avec des partenaires allemands. J’ai vécu six ans en Allemagne dont une année passée à la Technische Hochschule de Darmstadt.
J’ai pensé que cette expérience pourrait être valorisée en aidant des entrepreneurs et des ingénieurs français à devenir plus efficaces dans leurs relations avec leurs partenaires allemands.
ES : Quels sont les points saillants de la formation “Travailler avec les Allemands”* que vous animez?
J.L. : J’explique aux stagiaires les principaux éléments historiques, géographiques et politiques qui font que le comportement des Allemands est quelquefois différent de celui des Français.
A partir d’exemples, je décris les différences qui se rapportent tant au monde de l’entreprise qu’à la vie privée. Cette partie, qui est la plus importante, comporte entre autres des données sur l’organisation administrative des entreprises, les aspects fiscaux, sociaux etc., ainsi que les principaux éléments concernant la vie privée (système éducatif, fiscalité personnelle, réglementations, relations de voisinage, …). Je termine par une liste de choses à faire et à ne pas faire dans un environnement allemand.
ES : Quelles sont, selon vous, les principales différences entre l’Allemagne et la France?
J.L. : Il est difficile de résumer une formation d’une journée qui s’adapte aux demandes des participants. Néanmoins, on peut dire que l’Allemagne n’est pas monolithique et que les mentalités y varient d’un “Land” à l’autre. D’ailleurs, de nombreuses décisions sont prises au niveau régional et non au niveau fédéral. Exemple : les programmes scolaires. Une autre différence entre les deux pays, valable dans tous les domaines, est le respect de la règle.
ES : Considérez-vous que ce respect des règles est déterminant pour expliquer l’avantage de compétitivité des entreprises allemandes?
J.L. : Ce respect des règles, qui est une conséquence de l’histoire et de la culture du pays, confère aux entreprises allemandes une réputation de sérieux et de fiabilité. Mais ce n’est pas le seul élément expliquant la compétitivité de ces dernières.
Procédons par ordre : le coût du travail et le coût de production n’ont que peu d’impact sur la compétitivité des entreprises allemandes. Si c’était le cas, les machines outils ou les automobiles allemandes, qui sont plus chères que leurs équivalentes françaises, se vendraient beaucoup moins bien qu’elles ne le sont. Il ne s’agit pas non plus d’une différence de taille de société : des entreprises allemandes de moins de 20 personnes exportent dans le monde entier.
Il faut chercher ailleurs… Il semble ainsi que l’aptitude à communiquer soit une clef de la compétitivité : dans les entreprises allemandes en contact avec l’étranger, tous les techniciens parlent au moins anglais et correctement. En outre, les Allemands appliquent le principe «all business is local», qu’on peut traduire par «il faut commencer par vendre sur son territoire avant d’exporter».
Propos recueillis par Didier Girault
*La prochaine session aura lieue le 13 octobre à l’Espace Hamelin (17, rue Hamelin, Paris 16e). Elle est co-organisée par Framatech, membre du GFIE et spécialiste des formations interculturelles.
Inscriptions : Framatech, tél. : 04 91 95 55 70