Il s’agit d’un domaine dans lequel la France a des chances exceptionnelles, dont en particulier les talents et compétences nécessaires à la création d’une nouvelle filière industrielle d’importance mondiale, estime le Cluster Maritime Français (CMF).
Le Cluster Maritime Français (CMF) s’étonne de l’émoi suscité en France comme ailleurs par les tensions commerciales sino-américaines, qui pourraient entraîner une pénurie de terres rares en raison de mesures coercitives que pourraient prendre la Chine quant aux approvisionnements en terres rares (voir notre article). Pour le CMF, les signes envoyés par la Chine sont assez clairs en termes de menaces visant à restreindre les exportations de « terres rares » vers les Etats-Unis, si ceux-ci vont trop loin dans la mise au ban de certaines entreprises chinoises !
“Cela fait en effet longtemps que l’on sait – et plus de dix ans que le Cluster rappelle – l’importance stratégique de ces métaux très précieux indispensables à nos appareils électroniques les plus modernes et les plus courants (ordinateurs, smartphones par exemple)“, souligne l’organisation professionnelle. Le CMF a donc décidé de tirer le signal d’alarme sur la dépendance du monde entier vis à vis de la Chine qui détient sur son territoire près de 90% des réserves terrestres connues.
Le CMF le regrette d’autant plus que l’annonce des tentatives de riposte américaine démontre pour l’instant qu’il n’y a pas de réelle possibilité de se dégager vraiment – et à horizon prévisible – de l’emprise chinoise. Et surtout que la seule vraie solution permettant à terme de ne pas dépendre « des autres », ou d’acquérir une position respectée dans le circuit d’avitaillement du pays en métaux rares en outils électroniques, est de pouvoir se reposer soi-même sur des minerais riches en terres rares ou au minimum d’en diversifier les sources.
Or, comme le dit régulièrement le groupe de travail du CMF qui travaille depuis onze ans sur la mise en valeur – à la fois industrielle et écologique – des ressources des fonds marins, il s’agit d’un domaine dans lequel la France a des chances exceptionnelles, dont en particulier les talents et compétences nécessaires à la création d’une nouvelle filière industrielle d’importance mondiale. “Notre pays est d’ailleurs reconnu internationalement comme l’un des pays les mieux armés au monde pour réussir : par la qualité unique de ses professionnels concernés à chaque stade de l’exploration à la production, par leur engagement environnemental absolu, par ses outremers et par les zones de haute mer qu’elle a « réservées », enfin par les travaux préparatoires qu’ont menés et mènent les acteurs compétents de son économie maritime coordonnés par le Cluster”, explique le CMF.
Fin 2017 le Premier Ministre, déjà interpelé par le CMF, avait souhaité publiquement « qu’on mette l’accent sur l’exploration de nos grands fonds marins… l’État prenant sa part [pour que] d’ici 5 ans, la France, qui dispose de toute la chaîne pour explorer ces fonds, soit leader sur ce segment », mais rien n’a été fait depuis, malgré notre bonne coopération avec le Secrétariat Général de la Mer. “Or la vie internationale est aléatoire, et ce qui se passe en ce moment doit impérativement pousser l’Etat à accélérer et enfin « prendre sa part » pour que soient décidées les mesures propres à faire de la France l’acteur mondial attendu”, poursuit-il.
Pour leur part, les Etats-Unis ont compris la menace et cherchent à trouver des solutions pour garantir leurs approvisionnements en terres rares. Nous y reviendrons prochainement.
(*) Créé en 2006, le CMF rassemble les acteurs de l’écosystème maritime, de l’industrie aux services et activités maritimes de toute nature. Il est aujourd’hui composé de plus de 430 entités : entreprises de toutes tailles, pôles de compétitivité, fédérations et associations, laboratoires et centres de recherche, écoles et organismes de formation, collectivités et acteurs économiques locaux, ainsi que de la Marine nationale.