La ministre des Armées annonce un fonds d’investissement pour l’innovation de défense

Le 08/09/2020 à 22:45 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Un fonds d’investissement de 200 millions d’euros destiné à l’innovation de défense sera lancé d’ici fin 2020, annonce la ministre des Armées, Florence Parly. Ce fonds doit aider des start-up et PME à développer “des technologies potentiellement stratégiques”.

La France va renforcer sa capacité d’innovation en matière de défense, annonce Florence Parly. A cet effet, sera lancé, d’ici fin 2020, un fonds d’investissement pour l’innovation de défense doté de 200 millions d’euros, pour aider des start-up et PME à développer “des technologies potentiellement stratégiques”. Ce fonds, baptisé “Definnov”, sera mis en place en coopération avec BpiFrance et sera dédié au développement de technologies duales (applications civiles et militaires) et transversales, a souligné la ministre .

“Depuis mon arrivée, j’ai souhaité une innovation de défense encore plus ouverte vers le monde civil, encore plus variée dans ses méthodes, alliant temps long et temps court. C’est à l’Agence de l’innovation de défense que j’ai confié cette mission il y a deux ans”, a-t-elle rappelé.

2019 fut riche en nouveaux projets : plus d’une centaine ont été lancés avec la DGA pour intégrer les systèmes d’armes qui seront livrés aux forces demain. Certains projets de technologies de défense, ou études amont, ont franchi des jalons importants. “Je pense notamment au projet « Turenne » destiné à préparer les moteurs des futurs Rafale ou du SCAF grâce à des études poussées sur les matériaux. D’autres projets ont été lancés en 2019 : c’est le cas d’un accord-cadre qui prépare la feuille de route du « futur combattant débarqué et connecté (Félin)”, a précisé Florence Parly

En 2019, 32 projets ont été soutenus par l’Agence de l’innovation de défense, 218 projets de recherche ont été lancés, 69 projets Rapid ont été labellisés et 128 thèses de doctorat ont été financées.  2019, c’était enfin la confirmation de l’ambition portée par la loi de programmation militaire 2019-2025 d’augmenter de 25% les crédits consacrés à l’innovation pour atteindre 1 milliard d’euros en 2022.

En 2020, l’innovation doit continuer de permettre de développer encore l’autonomie stratégique de la France, avec un seul horizon : être prêts par nous-mêmes pour parer les menaces du futur. Avec de nouvelles priorités : des efforts seront déployés dans les domaines de l’énergie, de l’intelligence artificielle, de l’espace et de la cyberdéfense.

Les investissements seront poursuivis dans les technologies de rupture : les planeurs hypersoniques capables de parcourir 100 kilomètres en une seule minute, les armes à énergie dirigée, ces armes qui sont capables de perturber, neutraliser voire détruire un équipement ciblé à distance sans projectile ou encore les technologies quantiques. Dans ce cadre, l’Agence de l’innovation de défense a signé un accord avec le CNRS qui initie un partenariat de recherche dans plusieurs domaines dont le quantique.

En 2020, 820 millions d’euros seront consacrés à l’innovation par le ministère des Armées. L’accent sera mis également sur un effort de méthode : en continuant à concilier le temps court et le temps long. Le temps long pour les innovations de défense, c’est celui des études-amont, ces études qui déterminent l’avenir des équipements avec 15, parfois 20 ans d’avance. Evidemment, sur ce laps de temps, le risque majeur est d’être rapidement dépassé par l’irruption d’une technologie de rupture. Aussi, ce qu’il convient de faire, c’est parvenir à capter et injecter l’innovation dans des cycles beaucoup plus courts pour les programmes d’armement.

C’est ce qui sera entrepris pour le SCAF, le système de combat aérien du futur, qui devrait être opérationnel à horizon 2040. Car les enjeux en matière de recherche et de technologie (R&T) sont colossaux, que ce soit pour la motorisation des avions, la haute furtivité ou encore l’interconnexion des essaims de drones par un cloud de combat. Des études de concept et d’architectures ainsi qu’une première phase de ces travaux de R&T ont été notifiés pour plus de 200 millions d’euros en 2019 et 2020. D’autres étapes sont à venir sur ce projet phare de coopération européenne en matière de défense. 

L’autre priorité de la stratégie Innovation confiée à l’Agence innovation de défense (AID) : le travail de prospective et d’anticipation, destiné à préparer les guerres du futur. A ce titre, l’agence pilote la « Red Team », un projet à long terme lancé en 2019 avec l’Etat-major des armées, la direction générale de l’armement et la direction générale des relations internationales et de la stratégie. « La Red Team, c’est peut-être le symbole de l’ouverture du ministère des Armées en matière d’innovation, explique Florence Parly. C’est renverser la table. Accepter de changer de perspective et de voir bouleverser ses convictions ». Cette équipe d’auteurs de science-fiction est chargée d’imaginer des scénarios de menaces et de conflictualité à l’horizon 2030-2060. En clair, envisager des hypothèses valides et orienter les efforts d’innovation du ministère en imaginant des solutions adaptées.

 

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