Jean-Yves Robin (Asip Santé) : ”La France n’est pas plus en retard que les autres pays en matière de télésanté”

Le 22/02/2011 à 7:54 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Jean-Yves Robin, directeur général de l’Asip Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé), détaille les avancées et la stratégie de notre pays en matière de télésanté.

Les industriels affirment souvent que la France est en retard dans le domaine de la télémédecine. Combien de temps faudra-t-il pour que nous rattrapions notre retard, par exemple, par rapport à un pays comme le Canada, et pour que la télémédecine se généralise dans notre pays ?

Jean-Yves Robin : Si généraliser la télémédecine, c’est l’associer à chaque acte médical, il faudra encore de nombreuses années, une échéance qu’il est difficile d’évaluer. Mais si cela signifie que nous allons accéder à une maturité de la télémédecine pour certains actes médicaux, je crois que nous y parviendrons dans cinq ans. Aujourd’hui, nous menons déjà des expériences concrétes, exemplaires et très concluantes en France, notamment pour le traitement des AVC (acccidents vasculaires cérébraux).
Pour faire de la télémédecine, il faut prendre en compte plusieurs facteurs : l’environnement juridique, la formation du personnel médical, les contraintes technologiques et organisationnelles. En matière technologique, les ingrédients existent. Il faut savoir les utiliser et cela prendra encore quelques années. Tous les pays ont à disposition ces briques technologiques mais ils ont des environnements juridiques différents. Un acte de télémédecine ne peut se pratiquer qu’avec un consortium qui permette d’obtenir un service global. Il faut que le marché s’organise et se préoccupe davantage de l’approche services que de l’approche produits.
Les industriels disent souvent que nous sommes en retard pour stimuler l’écosystème et parce qu’ils espèrent ainsi obtenir un soutien accru des pouvoirs publics. En réalité, l’écart n’est pas aussi important qu’ils le disent avec les autres pays occidentaux. Le Canada, souvent cité en exemple, n’a pas le choix. Il faut qu’il recourt à la télémédecine en raison des contraintes géographiques. Mais il est à signaler que le Québec a par exemple signé des accords avec nous dans le domaine des référentiels.

Une étude du cabinet Décision, lancée à l’initiative de la Fieec (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication), est en cours. Quelles en sont les conclusions ?

Jean-Yves Robin : Il est encore un peu tôt pour parler des conclusions de cette étude. Nous sommes en train d’en analyser les résultats, mais nous ne pourrons en tirer des enseignements clairs que d’ici un mois à six semaines environ. Nous avons justement cherché à analyser les projets de télémédecine qui ont bien fonctionné à l’étranger, en mesurant leurs effets sur les patients, en examinant leur modèle économique, leur gouvernance et leur pilotage. Nous avons étudié une dizaine de projets matures répartis en Europe tout en sachant qu’il ne sera pas forcément facile de répliquer des modèles d’autres pays en France.

Outre le DMP (dossier médical personnel) et la nouvelle carte professionnelle de santé (CPS3) [que nous détaillons dans d’autres articles de cette lettre, ndlr], quels sont les grands chantiers de l’Asip Santé ?

Jean-Yves Robin : Les infrastructures sont extrémement structurantes pour assurer la sécurité des échanges et pour disposer d’annuaires professionnels. Elles sont essentielles pour assurer le développement des téléservices de santé. Un autre sujet majeur est la surveillance sanitaire et la pharmacovigilance (qui consiste à prévenir et réduire les risques liés aux médicaments). Les référentiels sur les spécifications en matière d’interopérabilité, sur la sémantique et sur les annuaires, la collecte et le traitement des données sanitaires, l’aide à la décision (grâce à des systèmes experts) sont également des thèmes importants sur lesquels nous allons nous focaliser dans les années qui viennent.

Propos recueillis par Jacques Marouani

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