Le médiateur pour la sous-traitance ne mâche pas ses mots : il dénonce la tyrannie du prix instaurée par les donneurs d’ordres, ainsi que les irrégularités perpétrées par ces derniers.
Depuis son entrée en fonction, il y a deux mois, le nouveau médiateur pour la sous-traitance, Jean-Claude Volot, mène une croisade express visant à harmoniser les relations entre fournisseurs de services et donneurs d’ordres, de façon à créer des filières fortes.
Dénonçant la vision à court terme d’acheteurs obsédés par la marge au point de faire rendre l’âme à leurs fournisseurs, M. Volot oppose à cette tyrannie du client, une stratégie responsable « où chacun se préoccupe du sort des fournisseurs », lit-on dans l’Usine Nouvelle.
Parmi les « équipementiers respectueux de leurs sous-traitants et conscients de l’importance pour chacun d’eux de faire de la marge », le médiateur cite Peugeot. Parmi ceux qui, au contraire, sont « prêts par arrivisme commercial à tuer leurs fournisseurs », figure Renault.
Pour que l’entreprise prenne davantage conscience de l’importance de sa relation à ses fournisseurs et puisse mieux juger de la qualité de celle-ci, M. Volot propose de considérer cette relation comme un processus qualité, à intégrer dans la certification ISO 9000.
A partir des entretiens qu’il a avec les entreprises, le médiateur veut aussi « dresser une carte des anomalies » avant de proposer pour celles-ci des actions correctives. Parmi ces irrégularités, figure l’urgence créée sans fondement par le donneur d’ordres, comme c’est le cas pour des demandes de livraisons à trois mois imposées par des équipementiers dont les commandes sont à cinq ans.
Toutefois, les sous-traitants ont aussi des efforts à faire. Notamment dans une recherche d’indépendance par rapport aux clients, indépendance indispensable à la pertinence des investissements qu’ils sont amenés à réaliser. « Un fournisseur qui a plus de 50 % de son portefeuille avec un seul client est mort », estime M. Volot dans l’Usine Nouvelle. Il considère que le plus grand client d’une entreprise ne doit pas représenter plus de 15 % du chiffre d’affaires de cette dernière.