Une enquête menée par le Snese auprès de ses adhérents montre que 57% des interviewés annoncent des retards de livraison de plus de 26 semaines.
Selon une enquête réalisée entre le 19 et le 28 novembre 2018 par le Snese auprès de ses adhérents, la pénurie s’est aggravée pour 63% des interviewés alors que 6% d’entre eux estiment qu’elle s’est stabilisée et 31% qu’elle s’est atténuée.
Selon le Snese, les délais de livraison des composants électroniques demeurent « anormalement longs » : 57% des entreprises de l’enquête ont constaté des retards de livraisons supérieurs à 26 semaines : 44% ont indiqué des retards compris entre 26 et 52 semaines, et 13%, des retards supérieurs à 52 semaines.
Ces retards sont à l’origine d’arrêts de production : annoncés par 53% des interviewés contre 33% lors de l’enquête de juillet 2018 et 22% lors de celle d’avril 2018.
Les retards de livraison en question ont aussi pour conséquence une augmentation des stocks chez les sous-traitants (stocks de composants et stocks de produits finis) : 91% des interviewés dénoncent ce problème. Pour 13% d’entre eux, les stocks ont progressé de plus de 20%.
De telles immobilisations causent à leur tour des problèmes de trésorerie (indiqués par 41% des entreprises de l’enquête). En outre, 38% des interviewés ont mentionné des difficultés d’approvisionnement pour des « produits connexes à la fabrication électronique (plasturgie, mécanique, tôlerie, etc.) ». Le Snese précise que parmi ces derniers : 62% ont cité des difficultés relatives à des approvisionnements en plasturgie, mécanique et tôlerie ; 23% ont pointé des problèmes avec les câbles ; et 15% des problèmes avec les ferrites et les circuits imprimés.
Au positif, l’enquête a montré une meilleure attitude des clients : 50% ont respecté les délais de paiement contre seulement 20% dans l’enquête précédente.
Un manque de connaissances techniques inquiétant
Le Snese remarque une prise de conscience des problèmes de pénurie de la part des acheteurs, ces derniers anticipant de plus en plus leurs besoins et leurs commandes. Toutefois, le syndicat dénonce aussi un appauvrissement croissant en connaissances techniques de la part des concepteurs de produits électroniques comme de la part des acheteurs. Ce alors que la pénurie oblige parfois le sous-traitant à re-écrire le dossier de fabrication « voire à proposer une re-conception de la carte ».
« Un dossier de fabrication sur deux ne respecte pas les règles de l’art en matière de conception et d’industrialisation », se désole le Snese qui met ce déficit de savoir technique sur le compte d’une marginalisation de l’enseignement technique.
De la même façon, le Snese dénonce l’ignorance des acheteurs – trop souvent issus de filières commerciales alors qu’ils devraient avoir fréquenté des filières techniques. « Ils ignorent ou feignent d’ignorer la valeur de ce qu’ils achètent », résume le syndicat.
Or, la réalisation d’un dossier de fabrication nécessite le travail d’experts qu’il faut rémunérer à leur valeur. « La saisie des nomenclatures, la codification des articles, le contrôle de non obsolescence, le choix des fournisseurs, le choix du conditionnement des composants, la réalisation du dossier de fabrication et de la stratégie de test, la réalisation des outillages et de programmes CMS, etc. représentent un nombre élevé d’heures de travail, ce qui se traduit par des coûts indirects », s’insurge le syndicat.
Et de conclure : « les fournisseurs doivent être justement rémunérés pour ces prestations ». Faute de quoi, on assistera à l’émergence d’un scénario au rabais : industrialisation au rabais, qualité au rabais… Cela, alors que l’avenir plaide pour des garanties plus longues des matériels ainsi que pour l’obligation de réparation.