Alain Sauret, a été nommé Pdg de la nouvelle filiale du groupe Safran, Labinal Power Systems, dédiée à l’avion plus électrique. Dans cette tribune, il rappelle que l’électrification de l’avion croît dans tous les programmes aéronautiques.
L’évolution vers l’avion plus électrique est irréversible et répond à une forte demande des compagnies aériennes. Gérer la production d’énergie, assurer le confort des passagers, pressuriser, conditionner, gérer la configuration ou piloter l’appareil et conduire la mission : toutes ses fonctions sont, en effet, très demandeuses d’énergie à bord d’un avion. Depuis longtemps, l’aéronautique privilégie l’énergie hydraulique pour remplir ces missions : une solution efficace qui présente pourtant quelques inconvénients. En effet, les raccords des circuits sont mis à mal par les mouvements de l’avion, ce qui génère un risque de fuite. Les circuits sont également interdépendants et si un circuit tombe en panne, les autres ne peuvent pas prendre le relais. Le fluide hydraulique est, quant à lui corrosif, et inflammable.
Face à ces risques, le choix d’une nouvelle source d’énergie est apparu déterminant. L’électricité, présente depuis toujours dans l’avion et jusqu’alors réservée à des équipements de faible à moyenne consommation, suscite l’intérêt. Elle possède en effet de nombreux atouts, que cela soit en matière de sécurité ou d’environnement. Elle contribue notamment à la réduction de la masse des aéronefs, de la consommation de carburant et des émissions de gaz à effet de serre. L’introduction des systèmes électriques permet enfin et surtout une diminution des coûts d’assemblage et de maintenance des appareils et améliore leur disponibilité.
L’évolution vers l’avion plus électrique implique donc de remplacer les systèmes hydrauliques et pneumatiques équipant les appareils actuels par des systèmes électriques, et nécessite une augmentation significative de la puissance des systèmes de génération et de distribution électriques. Les progrès de la recherche dans ce domaine ainsi que l’expérience acquise sur les programmes les plus récents, notamment l’A380 et le Boeing 787, permettent d’envisager pour les prochaines générations d’avions une chaîne de l’énergie embarquée radicalement transformée, principalement axée autour des systèmes électriques. Cette rupture technologique majeure consistera à̀ substituer aux circuits multimodaux actuels (mécaniques, hydrauliques et pneumatiques) des circuits électriques gouvernant l’ensemble des fonctions de l’appareil, au sol comme en vol.
Depuis l’Airbus A320 et le Boeing 777 dotés de commandes de vol électriques, l’électrification de l’avion croît dans tous les programmes aéronautiques. L’électricité de forte puissance fait pourtant sa véritable entrée dans les gros avions commerciaux au début des années 2000 avec la suppression, à bord de l’Airbus A380, de l’un des trois circuits hydrauliques traditionnels remplacé par des circuits 100% électriques dédiés à la redondance des commandes de vol. Le programme adopte également un actionneur électrique d’inverseur de poussée. Le Boeing 787 Dreamliner a quant à lui introduit des systèmes électriques en remplacement du circuit pneumatique et au niveau des freins.
Alain Sauret