IC Insights estime que 30 milliards de dollars par an pendant au moins cinq ans seraient nécessaires pour que l’Europe rattrape son retard en semi-conducteurs. Autant dire que consacrer un tel budget au seul domaine des semi-conducteurs semble irréalisable alors qu’il existe bien d’autres priorités pour l’Europe.
Actuellement, l’investissement requis pour mettre en œuvre les technologies de semi-conducteurs les plus avancées n’est à la portée que de trois entreprises : Samsung, TSMC et Intel. De plus, parmi ces trois fabricants, seuls deux peuvent vraiment être considérés comme étant à la fine pointe de la technologie, Samsung et TSMC, avec à la fois une production en volume de circuits intégrés en 7nm et 5nm. En revanche, Intel ne devrait pas produire de gros volumes de composants en 7nm, dans ses propres installations de fabrication, avant 2022, date à laquelle Samsung et TSMC devraient produire des quantités commerciales de circuits intégrés en technologie 3nm.
Le cabinet d’études IC Insights s’attend à ce que les dépenses en capital de Samsung et de TSMC atteignent à eux deux au moins 55,5 milliards de dollars cette année, soit 43% des dépenses de toute l’industrie des semi-conducteurs (contre 13% en 1996). Étant donné qu’aucune autre entreprise n’est actuellement en mesure d’égaler ces énormes dépenses, Samsung et TSMC mettront probablement encore plus de distance entre eux et leurs concurrents cette année en ce qui concerne la technologie de fabrication de circuits intégrés de pointe.
Dans ces conditions, les chances pour l’Europe de rattraper son retard sont minces. IC Insights estime que 30 milliards de dollars par an pendant au moins cinq ans seraient nécessaires pour avoir une chance raisonnable de succès. Y a-t-il la volonté et / ou la capacité de donner suite à un tel engagement ? Ce montant représente une fois et demi le montant alloué au programme de recherche européen pour les cinq années à venir, tous domaines confondus. Autant dire que consacrer un tel budget au seul domaine des semi-conducteurs semble irréalisable alors qu’il existe bien d’autres priorités pour l’Europe.