Le pire est prévu pour la rentrée, selon une enquête du Snese qui indique également qu’un retour à la normale est improbable avant le premier trimestre 2011. Si bien qu’aujourd’hui, les sous-traitants font appel aux brokers, délaissant ainsi la distribution traditionnelle et même les cataloguistes.
«Les distributeurs ne font pas leur métier : ils ne stockent pas», lance un sous-traitant. «Les prix annoncés sont systématiquement revus à la hausse», indique un second. «Les minimums de commandes sont quatre à cinq fois ce qu’ils étaient», renchérit un troisième.
«Les distributeurs accusent réception de commandes alors qu’ils savent qu’ils ne pourront pas livrer dans les délais requis; ce n’est qu’ensuite qu’ils avertissent le client…», dénonce Richard Crétier, porte-parole du Snese, le syndicat de la sous-traitance à l’origine d’une enquête sur les conséquences pour la profession de la pénurie de composants, enquête présentée hier à la presse.
La pénurie fait rage en ce moment : «les délais sont fous : ils atteignent 30 à 40 semaines ! Lorsque les composants sont disponibles, ce sont les prix qui sont fous ! Exemple : un relais est proposé à 1,35 euro, livré sous 34 semaines, et à 4,35 euros, livré de suite … », témoigne un adhérent du syndicat. En 4 mois, le délai moyen d’approvisionnement en composants est passé de 4 semaines à 10 semaines. Il atteint 40 semaines pour certaines catégories de produits.
Pour la sous-traitance, les conséquences sont dramatiques. La perte de chiffre d’affaires était de l’ordre de 35 millions d’euros en avril et de 40 millions en mai. Soixante entreprises sur les 750 adhérentes au Snese (soit 8 %) ont procédé à des réductions d’effectifs, et 110 (soit 15 %) ont pris des mesures de chômage partiel.
L’enquête du Snese montre aussi que plus d’une entreprise sur trois reconnaît que la pénurie de composants a un impact critique sur sa trésorerie. Et pour couronner le tout, nombre de donneurs d’ordres se montrent peu coopératifs.
Bilan: les distributeurs ne donnant plus satisfaction, les sous-traitants diversifient leurs sources d’approvisionnement. Aujourd’hui, dans ce secteur, une entreprise sur trois dit avoir recours aux brokers. «Il y a environ 3000 brokers dans le monde, alimentés par 150 stockistes – qui sont des sociétés disposant de stocks de composants ou sachant où se fournir immédiatement…», annonce M. Crétier. «Et cette profession se structure, acquérant des certifications… », poursuit-il.
Il rappelle aussi que pour aider ses adhérents, le Snese a remis en marche Net Tronics, système de mise en relation d’offreurs de composants (adhérents) et de demandeurs (adhérents et non adhérents). Le syndicat a aussi créé, début juin, un club des acheteurs qui regroupe aujourd’hui 20 entreprises et 40 acheteurs. Ce club permet notamment la diffusion d’informations concernant des fournisseurs indélicats, ainsi que des contrefaçons.