Loin de la déferlante annoncée, les objets connectés représentaient à peine 0,5% des appareils électroménagers, moins de 1% des ampoules et pas plus de 3% des dispositifs médicaux d’auto-mesure vendus en 2015, selon le cabinet d’études Xerfi-Precepta.
Le cabinet d’études Xerfi-Precepta vient de publier une étude approfondie, après plusieurs mois d’enquêtes, sous le titre : « Les marchés des objets connectés – Santé, maison, loisirs, entreprise et ville : perspectives des marchés et nouvelle donne concurrentielle à l’horizon 2020 ». Loin de la déferlante annoncée, les objets connectés restent plutôt rares au sein des foyers français, souligne cette étude. Ils représentaient à peine 0,5% des appareils électroménagers, moins de 1% des ampoules et pas plus de 3% des dispositifs médicaux d’auto-mesure vendus en 2015. Un démarrage aussi poussif apparaît très surprenant pour des produits, pleins de promesses, mais sur lesquels plane encore un fort soupçon d’intox commerciale.
Les fabricants d’objets connectés semblent avoir pêché par excès de confiance en affirmant à qui voulait bien l’entendre que leurs produits, en plus d’être révolutionnaires, étaient indispensables pour le grand public. Or, le potentiel de ces objets est très différent selon leurs fonctionnalités : un monde sépare la fourchette connectée des traqueurs d’activité, qui rencontrent un franc succès avec 250000 unités vendues en 2015, selon les estimations des experts de Xerfi-Precepta. Conséquence, il n’existe pas un, mais de multiples marchés des objets connectés aux caractéristiques et dynamiques bien différentes, dont aucune ne peut cependant prétendre connaître le même destin commercial que les smartphones et autres tablettes.
Portés aux nues en tant qu’innovations de rupture, les objets connectés sont donc loin de bouleverser les règles du jeu. La plupart des fonctionnalités proposées n’apportent aucun changement majeur, mais s’inscrivent plutôt dans une logique de renouvellement élargissant la gamme de produits au sein d’un marché déjà existant, estime l’étude. C’est le cas des balances connectées, qui permettent d’accéder sur son smartphone à l’historique des mesures et éventuellement à des recommandations pour perdre du poids. Si les objets connectés n’ont pas encore su révolutionner les usages, ils n’ont pas non plus transformé les modèles économiques. Aujourd’hui, pratiquement aucun objet n’est associé à un abonnement de service en raison de la réticence des consommateurs à payer pour ce genre de prestation, mais aussi à cause de la fragmentation des données et du manque de coopération entre les opérateurs.
Le ramdam médiatique qui a accompagné la commercialisation des objets connectés a créé de fortes attentes chez les consommateurs, qui ont été largement déçus par la faible valeur ajoutée de ces produits, perçus comme des gadgets onéreux. Tandis que certains manquent tout simplement d’intérêt, d’autres présentent des fonctionnalités faisant double emploi avec celles des smartphones, à l’image du podomètre. Leur utilisation apparaît difficile, voire laborieuse : les protocoles sont complexes et l’autonomie des appareils souvent faible. Au final, ce surinvestissement nécessaire dans la gestion d’un objet censé faciliter le quotidien peut déboucher sur un rejet. Un sondage réalisé par GfK en 2014 montrait ainsi qu’un tiers des acheteurs n’utilisaient plus leurs objets connectés pour la maison au bout de 6 mois. Cette désaffection est renforcée par la peur des utilisateurs de perdre le contrôle sur leurs données personnelles par le piratage ou l’espionnage.