C’est ce que prévoit Jean-Philippe Dauvin, économiste prévisionniste du cabinet d’études Décision. Il estime que 48 % de l’industrie électronique française est concernée par les difficultés au Japon.
Lors de la soirée du Cien, qui s’est tenue le 3 mai dernier dans les salons de l’hôtel Salomon de Rotschild, Jean-Philippe Dauvin, économiste prévisionniste du cabinet d’études Décision, a fait le point sur les premières conclusions de l’Observatoire des composants quant aux retombées de la catastrophe au Japon, une catastrophe qui dure puisque les problèmes d’alimentation électrique ne sont pas résolus.
Premier point: la production électronique au Japon influe sur 48 % de l’industrie électronique française (400 000 personnes, 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel).
Plus précisément, les fabricants japonais interviennent pour 20 % dans le marché français des semi-conducteurs, pour 50 % dans celui des composants passifs et pour 15 % dans celui de l’interconnexion.
Deuxièmement, jusqu’alors l’impact de la catastrophe au Japon ne s’est pas fait sentir dans l’Hexagone car, d’une part, l’activité industrielle de fin de premier trimestre et début de deuxième trimestre est traditionnellement faible, et, d’autre part, les fabricants de composants et les distributeurs ont fait jouer leurs stocks, selon M. Dauvin.
Toutefois, et c’est le troisième point, la situation devrait changer du tout au tout à la fin du deuxième trimestre, notamment en électronique automobile et en électronique industrielle, domaine couvert en particulier par la sous-traitance. Pour idée, le Japon fabrique 30 % des microcontrôleurs, composants largement utilisés par l’électronique automobile.
L’apparition de ces difficultés sera directement liée à un regain d’activité industrielle, regain habituel à cette période de l’année, ainsi qu’à l’épuisement des stocks chez les fabricants et les distributeurs de composants. Car, «même si les Japonais recherchent de nouvelles fonderies, les requalifications de production sont longues», souligne M. Dauvin.
Dans la pratique, des difficultés – c’est-à-dire une augmentation des délais de livraisons, des manques de composants, ainsi qu’une augmentation des prix des composants – sont à craindre jusqu’à la fin de 2011. «A la fin du troisième trimestre, presque 50 % de notre industrie électronique aura été touchée», estime l’expert.
Plus généralement, depuis le début des années 2000, les stratégies industrielles internationales ont conduit à une multiplication des risques pour les fabricants d’équipements électroniques. A cause de la concentration en Asie de la production des semi-conducteurs, notamment dans des zones dangereuses (Japon, Taiwan…). Et à cause de l’abandon progressif de la recherche de plusieurs sources pour des raisons d’économie ; en effet, “la qualification d’un fournisseur coûte cher“, rappelle M. Dauvin.