Le point sur les premières conséquences de la catastrophe japonaise pour l’industrie électronique

Le 14/03/2011 à 13:04 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Les fournisseurs japonais, qui généraient, en 2010, 20,8 % de la production mondiale de semi-conducteurs pour 63,3 milliards de dollars de revenus, prévoient dès à présent des retards de livraisons suite au tremblement de terre et au tsunami intervenus au Japon. Certains ont subi des dégâts et la production de mémoires Flash Nand serait particulièrement touchée.

Le Japon est la troisième région du monde en matière de production de semi-conducteurs derrière l’Asie-Pacifique et l’Amérique du nord. Aussi, le tremblement de terre et le tsunami qui s’en est suivi auront-ils d’importantes répercussions sur les livraisons mondiales de semi-conducteurs, et sur la production électronique en général. Comme le fait remarquer le cabinet d’études IHS iSuppli dans un communiqué publié le soir même de la catastrophe, les fournisseurs japonais généraient, en 2010, 20,8 % de la production mondiale de semi-conducteurs pour 63,3 milliards de dollars de revenus. Et une large part de leur production est localisée sur place. IHS iSuppli rappelle d’ailleurs que sur les 300 fournisseurs de semiconducteurs qu’il suit chaque année, 39 sont implantés au Japon.

Plus généralement, le Japon est à l’origine de 13,9 % de la production mondiale d’électronique, et a généré 216,6 milliards de dollars de revenus sur un total de 1600 milliards de dollars pour la production électronique mondiale. Ce pays génère 16,5 % des revenus de l’électronique grand public et 10,2 % des revenus de l’industrie informatique, précise encore IHS iSupppli.

Plusieurs usines de Sony à l’arrêt

Selon les informations qui nous sont parvenues jusqu’à présent, le tsunami aurait surtout touché les fournisseurs de matières premières nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs, et aurait entraîné de graves perturbations dans les transports, ce qui pourrait générer des retards d’au moins deux semaines dans les livraisons de certains composants, avance IHS iSuppli.

Le Japon représente 10 % de la production mondiale de tranches destinées aux mémoires Dram, mais les deux principaux fabricants nippons, Micron et Elpida, ne sont pas directement touchés selon IHS iSuppli.

Toshiba, Fujitsu Electronics, dont les usines se situent également dans les zones touchées par le tsunami, annoncent des dégâts qui auront inévitablement des conséquences sur les livraisons de mémoires Flash Nand. Toshiba a suspendu provisoirement la production dans sa principale usine de mémoires Flash Nand (qui équipent l’iPad et plusieurs “smartphones”). Le groupe fournit plus du tiers des mémoires Nand dans le monde, un marché en forte croissance. le fabricant déplore notamment des dégats partiels sur son site de Kimitsu ayant entrainé, avec les coupures d’électricité, l’arrêt des opérations.

Quant à Renesas Electronics, il vient de confirmer qu’en raison du tremblement de terre qui a touché le Japon, sept de ses vingt-deux usines de l’archipel sont actuellement fermées. Des sites de fabrication front-end et back-end sont touchés, ainsi que des sites de R&D. Seuls les centres de conception de Kawasaki-shi et Yokohama-shi devraient rouvrir ce mardi 15 mars, avec les employés qui auront eu la possibilité de faire le trajet.

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Sony, lui, a suspendu la production dans plusieurs usines dont celles situées dans les préfectures de Miyagi (optoélectronique) et de Fukushima (batteries). Le fabricant de mémoires Dram Elpida a vu ses usines d’Hiroshima et d’Akita épargnées, cette dernière souffrant uniquement des coupures de courant. Enfin, ON Semiconductor, qui possède plusieurs usines au Japon héritées en partie de Sanyo, semble avoir été relativement épargné, seuls les sites d’Aizu et de Gunma ayant été réellement touchés. Panasonic n’a pour l’heure pas encore communiqué sur le sujet.

L’industrie de la visualisation épargnée ?

Le drame que vient de vivre le Japon devrait avoir un impact relativement limité au niveau de l’industrie de la visualisation. En effet, selon les derniers chiffres d’IHS iSuppli, le Japon n’a représenté en 2010 que 6,2 % de la production mondiale d’écrans LCD-TFT grands formats (10 pouces et plus). L’archipel abrite toutefois 14 % de la production mondiale de LCD-TFT pour téléviseurs, selon l’analyste, notamment grâce à l’usine de génération 10 de Sharp. Par ailleurs, la localisation des usines d’écrans LCD-TFT fait dire à IHS iSuppli qu’elles ont vraisemblablement dû être quasiment toutes épargnées. Ce qui reste à vérifier.

L’analyste est en revanche plus inquiet en ce qui concerne les fournisseurs nippons de composants indispensables à la fabrication des écrans LCD-TFT, à savoir les dalles de verre, les polariseurs, les filtres colorés ou bien encore les lampes CCFL destinées au rétroéclairage et même les LED, le Japon étant un producteur de poids dans ces domaines. Des informations recueillies par notre confrère Digitimes se montrent pourtant plus rassurantes sur ce point. Seul Corning, l’un des principaux fournisseurs de dalles de verre, aurait stoppé temporairement une unité de production.

Du côté des LED, pas non plus de crainte particulière, selon Digitimes, qui se base sur l’éloignement des sites de production par rapport aux zones touchées par la catastrophe. Seule M.Setek, une filiale du taiwanais AU Optronics fabriquant des tranches de silicium polycristallin, a été contrainte d’arrêter sa production pour une durée estimée à une semaine.

Nous reviendrons plus en détail sur les répercussions de la catastrophe japonaise pour l’industrie électronique dans le numéro d’avril de notre magazine “ElectroniqueS”.

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