Les perspectives sont moroses pour l’industrie de la défense européenne, souligne, Thomas Enders, Pdg d’EADS. Le marché à l’exportation est difficile parce que tout le monde s’y rue, ajoute-t-il.
Alors que le Livre blanc de la Défense et de la Sécurité se fait attendre (promis à l’origine pour début janvier, il ne devrait arriver qu’en avril), le président exécutif du groupe aéronautique et de défense européen EADS, Thomas Enders, a estimé que la consolidation se poursuivrait dans l’industrie de la défense, au vu des sombres perspectives pour le secteur en Europe et d’une concurrence féroce sur les marchés à l’exportation.
“Je pense qu’il y aura encore de la consolidation, mais nous avons eu un exemple frappant l’an dernier, où le secteur a tenté de réaliser une opération de consolidation importante et où les dirigeants politiques l’ont empêchée”, a-t-il dit lors de la conférence annuelle de l’Agence européenne de défense (AED). Thomans Enders faisait référence à l’échec, l’an passé, de la tentative de fusion de 45 milliards de dollars entre EADS et le britannique BAE Systems. Dans un contexte de pression exercée sur les finances publiques européennes, la diminution des dépenses de défense devrait se poursuivre, note-t-il. “Notre opinion est qu’il va falloir affronter en Europe une décennie sans croissance”, a-t-il dit.
Par ailleurs, essayer de compenser la faiblesse de l’actitivité en Europe par une focalisation sur les marchés à l’exportation en dehors du continent est “très difficile parce que tout le monde a cette bonne idée”, a poursuivi le président exécutif d’EADS. “Les Américains, les Européens et tous ceux qui ont une activité défense se tournent vers les marchés en croissance et, que se passe-t-il ? Il s’agit toujours des mêmes pays, le Brésil, l’Inde, le Moyen-Orient, où nous nous retrouvons tous et où nous nous livrons une concurrence féroce, donc ce n’est pas une chose facile”.
“En plus de cela, ces pays posent des conditions toujours plus exigentes : transferts de technologies, transferts de production (…) L’heure fait plus que tourner. Il ne s’agit pas de renforcer la base industrielle de la défense européenne, il faut plutôt évoquer la poursuite de son érosion actuellement en cours et qui, de mon point de vue, n’est pas près de s’arrêter”, a encore dit Thomas Enders