Près de la moitié du marché automobile serait « électrifié » d’ici à 2030, dont 13 % de véhicules purement électriques, tandis que la part du moteur thermique tomberait, selon lui, de 95 % en 2017 à 52 % en 2030. D’où la nécessité de suivre de près la disponibilité des métaux indispensables aux véhicules électriques.
Le cobalt, le tungstène et l’étain figurent en tête des métaux dont l’approvisionnement pourrait devenir problématique, avec des incertitudes sur le futur des véhicules électriques et du stockage de l’énergie, selon des experts réunis le 28 juin au Forum Mondial des Matériaux (WMF) à Nancy.
« L’électrification est une tendance très importante », a souligné Patrick Koller, président de Faurecia. Il a estimé que près de la moitié du marché automobile serait « électrifié » d’ici à 2030, dont 13 % de véhicules purement électriques, tandis que la part du moteur thermique tomberait, selon lui, de 95 % en 2017 à 52 % en 2030.
La conséquence la plus notable sera la forte hausse de la demande de certains métaux utilisés dans les batteries, avec en premier lieu le cobalt et le nickel. Mais jusqu’en 2030, les matières premières ne seront pas un problème pour l’électrification des véhicules, assure M. Koller.
Le cobalt figure toutefois au premier rang des métaux “critiques”, dans l’étude menée conjointement par le WMF, le BRGM (Bureau des recherches géologiques et minières) et les cabinets Mc Kinsey et CRU Consulting, présentée le 28 juin.
Basée sur six critères allant de l’estimation des réserves connues à la possibilité de substitution ou de recyclage du métal, et examinant aussi le “risque politique”, cette analyse classe les éléments selon leur niveau de risque, du vert au rouge. Le cobalt, classé “rouge”, est “un ingrédient essentiel des batteries” et la croissance des véhicules électriques fait que le besoin global en cobalt pourrait ne pas être couvert “entre 2025 et 2030”, a expliqué à l’AFP Pierre Toulhoat, directeur des opérations du BRGM.
En outre, la moitié de l’approvisionnement vient de RD Congo, un élément de risque politique, selon l’étude. D’autres sources sont envisageables, comme l’exploitation d’anciens déchets de mines de cuivre qui recèlent du cobalt. Des expérimentations ont été menées avec succès par le BRGM en Ouganda, il y a une vingtaine d’années.
L’automobile est “un secteur où il y a encore de grosses incertitudes sur la domination de telle ou telle technologie”, ce qui impose de “garder une attention très soutenue sur un certain nombre de métaux qui vont percer plus ou moins, en fonction des technologies”, a ajouté le responsable du BRGM.
“Bien sûr, certains matériaux sont critiques, mais surtout, ce qui est critique c’est l’incertitude qui règne sur les choix futurs de motorisation et de génération d’énergie”, a souligné à l’AFP, Victoire de Margerie, vice-présidente du WMF.
Le développement des véhicules électriques va demander entre 6 et 8 milliards de dollars d’investissements en infrastructures pour chaque million de nouveaux véhicules mis sur le marché, selon le WMC. “L’industrie n’a aucun problème pour accepter une mutation, à condition que cette mutation soit organisée et qu’on lui donne le temps”, note Patrick Koller.
Dans ce contexte d’incertitude, l’un des métaux à suivre est le vanadium, dont les réserves sont pourtant estimées à 250 ans et avec des capacités minières suffisantes. Deux autres métaux sont en première ligne de l’étude du WMF, le tungstène et l’étain. Pour ce dernier, c’est le sous-investissement dans le développement de mines qui pose problème. Le zinc a déjà connu cette difficulté.
S’agissant du tungstène, outre la dépendance vis-à-vis de la Chine, ce métal connaît de nouveaux usages “qui sont en train de se développer à grande vitesse (…) en métallurgie pour des alliages extrêmement performants pour l’aéronautique et pour la fabrication additive”, selon le BRGM.
Enfin, trois terres rares sont classées en “rouge”: le dysprosium, le néodyme, le praséodyme.