Paradoxalement, les pénuries sur certains produits risquent d’entraîner des annulations de commandes sur les produits disponibles et donc des surcapacités de production, car il suffit qu’une pièce manque pour ne pas pouvoir produire un équipement complet.
Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée dans les locaux de la Fieec (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication), un nouveau bilan des conséquences de la crise japonaise sur l’industrie française a été présenté. Revenant sur l’observatoire mis en place dès la fin du mois de mars par le ministère de l’Industrie et la Fieec pour en mesurer les impacts et anticiper d’éventuelles pénuries de composants, Jean-Philippe Dauvin, consultant du cabinet Décision, a confirmé que la situation pourrait se tendre au troisième trimestre, affectant plus particulièrement les microcontrôleurs et les condensateurs aluminium, très utilisés par l’industrie automobile. Parmi les autres secteurs, l’aéronautique et la défense, de même que le domaine industriel, seront nettement moins affectés.
Les japonais indiquent que les usines touchées par le tsunami devraient redémarrer leur production de masse à partir de la fin juin, mais les intégrateurs européens pourraient passer après les équipementiers japonais d’autant que la catastrophe aurait causé la perte de 2 à 3 millions de voitures, ce qui leur conférerait une priorité.
Gérard Matheron, vice-président de la Fieec et directeur du site STMicroelectronics de Crolles, s’est pour sa part réjoui que la filière électronique se soit comportée de façon citoyenne. Les prix des composants resteront globalement stables, mais pour relancer une fabrication, cela pourrait être long. “Cela prend une semaine ne serait-ce que pour remmettre en route un processus, il faut compter une semaine, alors lorsqu’il s’agit de remttre en état des lignes de production qui ont été détruites, une remise en route pourrait prendre beaucoup plus de temps, d’autant que l’on n’a pas encore atteint un niveau de qualité optimal concernant la fourniture d’énergie électrique“, souligne-t-il.
Paradoxalement, les pénuries sur certains produits risquent d’entraîner des annulations de commandes sur les produits disponibles et donc des surcapacités de production, car il suffit qu’une pièce manque pour ne pas pouvoir produire un équipement complet. “Ce que veulent les clients, ce sont des kits complets et nous pourrions être face à ces annulations de commandes“, craint Gérard Matheron.
Pour limiter les à-coups, quels qu’ils soient, les responsables de la Fieec ont énoncé sept recommandations :
- renforcer le dialogue client-fournisseur,
- programmer les commandes (il y a plus de probabilité d’être servi en commandant de façon régulière et en petite quantité plutôt qu’avec une très grosse livraison ponctuelle),
- commander en fonction de la consommation réelle (toute demande de réagencement ou d’annulation risque de perturber les équilibres du marché),
- jouer la transparence avec chacun, dans un souci de faire gagner la filière sur le long terme,
- diversifier l’approvisionnement et optimiser les pratiques de gestion de crise au sein de l’entreprise (certains composants peuvent éventuellement être fournis par l’industrie européenne),
- maintenir la qualité des relations contractuelles et renforcer les contrôles,
- enfin, consolider le lien avec les fournisseurs japonais.
En résumé, assurer une gestion collective de la crise en se basant sur la confiance entre les acteurs de la chaîne de valeur, et établir des relations solidaires.