L’aéronautique, l’automobile et le médical seront trois relais de croissance majeurs pour l’électronique, a assuré Sébastien Rospide, consultant du cabinet Décision, lors du premier anniversaire de notre revue ElectroniqueS.
L’aéronautique, avec l’avion électrique, l’automobile, qui s’apprête à vivre elle aussi une mutation vers un modèle électrique, et l’industrie médicale, qui devra relever le grand défi de l’autonomie d’une population vieillissante, seront incontestablement trois relais de croissance majeurs pour l’électronique de demain, a assuré Sébastien Rospide, consultant du cabinet d’études Décision, à l’occasion du premier anniversaire de notre revue ElectroniqueS, le 19 janvier, dans les locaux de la Fieec (Fédération des industries électriques, électroniques et de communications). Il a estimé que l’évolution positive de ces marchés dits professionnels, constituent une chance pour l’Europe, même s’ils ne
Crédit photo : Jim Wallace
représentent que de l’ordre de 30 % du marché mondial. Désormais distancée sur les marchés de la téléphonie mobile et de l’informatique, l’électronique européenne a vécu une reprise lente après l’électrochoc de 2009. Mais Sébastien Rospide affirme que cette croissance amorcée en 2010 a toutes les chances d’être durable. Il prévoit une progression mondiale annuelle moyenne de 5,5 % à l’horizon 2014 en terme de revenus mais “beaucoup plus significative” en volume (cette année, les volumes seront d’ores et déjà supérieurs à ceux de 2008). “L’Europe a des opportunités à saisir maintenant, car elle détient 34 % de la production mondiale dans le domaine industriel et médical, 30 % dans l’aéronautique et la Défense, 30 % dans l’automobile et 18 % dans les télécoms“, a-t-il estimé.
“L’électronique représente actuellement 6 % du coût d’un avion, répartis à parts égales entre l’électronique de bord et l’électronique déportée, et cette part pourrait grimper à 10 % avec les nouvelles générations d’avions, soit 20 millions d’euros pour un A 380 et 6 millions d’euros pour un A 320. Le marché de l’aéronautique sera très porteur à l’horizon 2020-2025. Il y aura des opportunités à saisir pour les sous-traitants dans le cadre d’une stratégie de filière et nous estimons la croissance annuelle moyenne à 5 % en Europe dans ce secteur jusqu’en 2014“, indique Sébastien Rospide.
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Crédit photo : Jim Wallace
Dans le domaine de l’automobile, il faudra retenir la notion de “véhicule électrique à la MaaS” qui signifie “Mobility as a Service”. En effet, pas de voiture électrique sans les services associés, notamment en terme de recharge de batteries. D’une manière générale, le parc mondial automobile devrait doubler à l’horizon 2030. Ce moyen de locomotion, responsable de 15 % des émissions de dioxyde de carbone, semble avoir trouvé une solution pour moins polluer avec des véhicules hybrides (700 000 unités produites en 2009) et électriques dont la production pourrait atteindre 20 millions de véhicules par an d’ici 2020. De nouvelles alliances verront le jour entre mécaniciens, électroniciens et fabricants de batteries, car le véhicule électrique nécessitera beaucoup de R&D. Mais les bouleversements ne seront pas seulement technologiques. Commercialement, le business model va changer avec un fort impact sur les réseaux de maintenance. “Les enjeux vont dépasser la filière automobile et rejaillir sur d’autres secteurs industriels où l’Europe a des forces. Il ne s’agit pas seulement de changer le moteur du véhicule, mais de mettre aussi en œuvre des moyens de communications afin de le rendre plus efficace. Toute une industrie de services va être générée. Nous tablons sur une croissance modeste de 3,5 % par an en Europe jusqu’en 2014, mais au delà des trois prochaines années, nous pourrions passer à un rythme de croissance à deux chiffres dans ce domaine“, estime Sébastien Rospide.
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Source : Cabinet Décision
Autre marché porteur essentiel pour l’Europe : l’industrie médicale, et plus particulièrement l’aide à l’autonomie qui pourra être assurée, dans bien des cas, par des systèmes électroniques. Pour se faire une idée de l’importance de ce marché, il faut se souvenir que 50 % de la population aura plus de 50 ans en 2050. Aujourd’hui, les dépenses de santé sont supérieures à 10 % du PIB dans les pays développés pour atteindre même 18 % du PIB aux Etats-Unis. La pervasion de l’électronique est encore faible dans le domaine médical, mais ce dernier fera l’objet de grands gisements de R&D, et là encore, de croisements de filières, par exemple avec la domotique et les industries numériques. “Les technologies existent. Le problème réside dans leur mise en œuvre. Nous avons en Europe de grands acteurs en électronique médicale comme Philips ou Siemens avec une production équivalente à 23 % du marché mondial, soit 9 milliards d’euros. Mais c’est un marché très atomisé avec une centaine de fournisseurs de systèmes d’informations et autant de centres de décisions que de centres de soins. Le développement de ce marché passera par une consolidation de l’offre et une concertation entre les pouvoirs publics, les industriels et le personnel médical. La grande question que nous nous posons, pour ce qui concerne la France, est de savoir quand nous passerons réellement de la phase actuelle d’expérimentation à un déploiement à grande échelle. La croissance serait de 4,5 % par an en Europe d’ici 2014, mais celle-ci pourrrait quadrupler ou quintupler si tout le monde se mettait d’accord“, souligne le cabinet Décision.