Jean-Philippe Dauvin, économiste au cabinet d’études Décision, prévoit un tel recul l’an prochain. Il constate aussi l’accent mis de plus en plus sur le court-terme dans les stratégies des entreprises.
Lors de la 9e Rencontre partenaire organisée par Eolane (Maison des arts et métiers, Paris 16e, le 20 septembre 2011), Jean-Philippe Dauvin, économiste au cabinet Décision, a annoncé un marché mondial des semi-conducteurs stable cette année et en baisse de 5 à 10 % en 2012.
“Plutôt -10 % en raison d’une diminution des prix des composants, diminution elle-même conséquence d’une surcapacité de production“, estime M. Dauvin. Cette surcapacité serait en partie due à la frilosité de la demande : le manque d’innovations en comparaison avec les années précédentes (iPhone, iPad, etc.) y jouerait un rôle important, les nouveautés incorporant davantage de composants chers que les matériels rôdés.
Plus précisément, après trois trimestres de recul du marché, M. Dauvin prévoit un retour à la croissance au troisième trimestre 2012.
En ce qui concerne les autres composants, M. Dauvin anticipe, pour les passifs, des progressions de 6 % en 2011 puis de 1 % en 2012, et, pour la connectique, de 7 % en 2011 puis de 2 % en 2012.
Au plan de la stratégie des entreprises, M. Dauvin constate des visées à plus court terme et moins élaborées. Exemple : l’abandon de la recherche de doubles ou triples sources au profit d’une seule pression sur les prix de la part de l’acheteur auprès des fournisseurs retenus.
Quant au marché mondial de l’électronique, il devrait, lui, progresser de 4 à 5 % par an en moyenne entre 2010 et 2015. Il piétinerait en 2011 et 2012 pour repartir en 2013, boosté en partie par une forte demande du secteur de la santé.
Au plan macroéconomique, M. Dauvin remarque, au négatif, une année 2011 marquée par l’émergence brutale d’un endettement “masqué jusqu’alors par de très faibles taux d’intérêt” et par des augmentations de prix des matières premières, augmentations orchestrées par les pays émergents.
Le côté positif est représenté par une bonne capacité d’autofinancement des entreprises ainsi que par une continuité de croissance des économies émergentes (+9 %).
Par contre, la faiblesse des bénéfices engrangés obère l’augmentation des salaires des employés ce qui, in fine, pénalise la consommation.
M.Dauvin ne prévoit cependant pas de récession en 2012 et 2013 pour les pays du G7 malgré le maintien d’un taux de chômage élevé, “la croissance (1,5 %) ne suffisant pas à l’enrayer“.
Les pays qui devraient s’en tirer honnêtement sont le Canada – qui a, lui, fait sa crise il y a une dizaine d’années-, les pays d’Europe du Nord, le Japon qui a conservé une industrie forte sur son territoire, et l’Allemagne qui, elle aussi, a fait ses réformes il y a une quinzaine d’années.
En raison de leur capacité à innover, les Etats-Unis pourraient également se sortir relativement bien de la crise. Par contre, parmi les pays qui auront beaucoup de mal, M. Dauvin pointe, outre l’Espagne et l’Italie, le Royaume-Uni parce qu’il n’a plus d’industrie, et “la France parce qu’elle souffre d’une très grande rigidité“.