Après trois années de croissance notoire, le marché européen de la distribution de composants électroniques a enregistré une baisse générale de plus de 23% au premier trimestre 2024, et devrait encore faire face à « quelques trimestres difficiles », signale l’organisation Dmass Europe qui rassemble environ 85% des acteurs de la distribution régionale.
Les ventes totales ont diminué de 23,3% à 4,58 milliards d’euros. Alors que les semi-conducteurs ont chuté de 26,5% à 3 milliards d’euros, les composants IP&E (Interconnect, Passive and Electromechanical) ont limité la casse en ne baissant « que » de 16,3% à 1,57 milliard d’euros. Pour le président de Dmass Hermann Reiter, « cette consolidation du marché était attendue depuis un certain temps, le premier trimestre 2024 s’est donc avéré être le trimestre le moins surprenant que j’ai vu depuis longtemps. Même si nous pouvons être confrontés à quelques défis au cours des prochains trimestres, la reprise commencera tôt ou tard, et je suis convaincu que 2025 sera de nouveau sur les rails. Il ne serait pas logique de réagir de manière excessive maintenant en procédant à des réductions de coûts. Les multiples crises auxquelles le monde est actuellement confronté devraient cacher la simple vérité selon laquelle la révolution électronique est en cours : de la société entièrement électrique à l’intelligence artificielle, le monde a besoin de composants de plus en plus innovants. Nous trouverons plus d’opportunités que de ressources pour les réaliser ».
Concernant les semi-conducteurs, seul le Royaume-Uni s’est montré « étonnamment résilient » avec une baisse limitée à 15%, alors que l’Hexagone a fléchi de 23,46% à 214,1M€, et que l’Allemagne à plongé de 30,26% à 837,2 M€. Au rang des produits, seuls les Led haute puissance et les microprocesseurs ont progressé ; tous les autres groupes et catégories de produits ont diminué de 4 à 37%, la cuillère de bois revenant aux circuits logiques programmables. Pour les produits IP&E, le ralentissement s’est poursuivi au premier trimestre 2024, mais a montré une reprise séquentielle « très positive par rapport au quatrième trimestre 2023 », commente Dmass. La baisse la plus notable concerne les passifs (-21,18%), les autres types de produits fléchissant autour de -13%. Par région, deux groupes se distinguent : d’une part celles qui s’en sortent « étonnamment bien » comme le Royaume-Uni, la France (160 K€ et « seulement » -12,82%), l’Italie et la péninsule ibérique ; d’autre part l’Europe centrale emmenée par l’Allemagne (364,8K€, -23,34%), l’Autriche et la Suisse.
Hermann Reiter conclut : « Il devient de plus en plus clair que le marché des composants est beaucoup plus complexe que ce que l’on peut voir dans les prévisions du marché mondial. Par exemple, le battage médiatique autour de l’IA ne se produit pas partout et ne concerne que quelques types de composants. Notre marché, c’est-à-dire le marché de masse, a besoin d’un portefeuille complet de technologies de pointe et matures, impliquant de nombreuses sources et fabricants. Face à cette complexité, la distribution est la seule réponse raisonnable et résiliente ».