L’association professionnelle allemande de la distribution des composants (FBDi) a rendu publics les chiffres du marché local de la distribution de composants au troisième trimestre 2024. Selon l’association, bien que cette période n’ait pas été « à la hauteur des attentes », le marché a poursuivi sa consolidation.
Les ventes des adhérents de la FBDi ont atteint leur niveau le plus bas observé depuis fin 2020 : 779 millions d’euros, à comparer à celles du premier trimestre 2024 qui avaient atteint 1,09 milliard d’euros. Pour l’association allemande, la route est encore longue avant un retournement de marché, car les réservations demeurent modérées alors que le ratio commandes/facturations (book-to-bill) a légèrement augmenté pour atteindre 0,77, contre 0,59 en début d’année.
Ils étaient auparavant épargnés par la pénurie des composants, mais la FBDi rapporte que les semi-conducteurs ont été les plus touchés : par rapport au troisième trimestre de 2023, leurs ventes ont chuté de moitié à 477 millions d’euros, tandis que les nouvelles commandes sont restées à un « faible niveau » de 320M€ (-13,5%). Leur ratio commandes/facturations s’est, lui, légèrement amélioré à 0,67. Les autres familles de composants ont été moins touchées, à l’image des composants passifs (-32% « seulement » à 113M€), dont la baisse des commandes entrantes, moins prononcée, a permis d’améliorer le book-to-bill à 0,83. Avec 124M€ de ventes, le repli est plus modéré (-19%) pour les composants électromécaniques, alors que les entrées de commandes, dans les mêmes conditions ont baissé de près de 9% à 118M€, cela pour un ratio commandes/facturations légèrement inférieur à 1.
Georg Steinberger, le président de la FBDi, analyse ces données avec franchise : « les distorsions provoquées par la détérioration de la situation géopolitique ces dernières années sont très visibles sur le marché allemand. Les distributeurs de composants dépendent fortement du succès de leurs clients dans les principaux segments de l’industrie. Ils sont toutefois actuellement confrontés à une dégradation de la conjoncture économique, à un manque d’innovation et à une culture politique toxique dans laquelle le consensus nécessaire pour l’avenir, comme l’a souligné l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi, semble difficile à atteindre. Malheureusement ce n’est pas seulement le cas en Allemagne, mais en tant que première économie d’Europe, l’Allemagne risque de perdre son rôle de moteur pour d’autres régions. » Quant à 2025 et ses perspectives, il estime que « malheureusement, nous ne constatons pas encore de retournement des commandes entrantes, il est donc peu probable qu’un retour à la croissance se produise avant la mi-2025. Il faut que les principaux marchés d’application donnent la bonne impulsion aux innovations d’avenir. Comme le souligne à plusieurs reprises le président de la Zvei (Association de l’industrie électrique et numérique) Gunter Kegel, la volonté de parvenir à une société entièrement électrique est une question de raison et de compétitivité future. Les politiques et les entreprises doivent enfin s’entendre sur ce point et fixer la bonne voie. Notre influence en tant que secteur de la distribution est limitée, mais en matière d’innovations dans le domaine de l’électronique, nous pouvons apporter toutes sortes d’expertises, de la technologie énergétique à l’intelligence artificielle. »