Six des grands acteurs de l’Internet des objets se sont exprimés lors de notre soirée de remise des “Electrons d’or” : Laurent Vernat, directeur du marketing d’Intel Europe de l’ouest, Patrizio Piasentin, directeur de Silicon Labs pour l’Europe du sud, Stuart Lodge, vice-président de Sigfox, Alain Dantec, vice-président de Semtech, Philippe Cola, architecte cœur de réseau et services, à la direction technique de Bouygues Telecom, et Thierry Sachot, directeur général d’Eolane et président de la toute nouvelle Cité de l’objet connecté.
Dans le cadre de la soirée de remise des “Electrons d’or” qui s’est tenue le mercredi 24 juin à Paris, une conférence portant sur le thème de l’Internet des objets et des défis qui en découlent pour l’électronique, a réuni six des grands acteurs de ce domaine : Laurent Vernat, directeur du marketing d’Intel Europe de l’ouest, Patrizio Piasentin, directeur de Silicon Labs pour l’Europe du sud, Stuart Lodge, vice-président de Sigfox, Alain Dantec, vice-président de Semtech, Philippe Cola, architecte cœur de réseau et services, à la direction technique de Bouygues Telecom, et Thierry Sachot, directeur général d’Eolane et président de la toute nouvelle Cité de l’objet connecté.
“Tout objet peut devenir intelligent. Nous avons devant nous un marché colossal et exponentiel qui s’appuie sur trois piliers : les capteurs, dont le coût a été divisé par 2 en 10 ans, la bande passante dont le coût a été divisé par 40 en 10 ans et la puissance de calcul dont le coût a été divisé par 60 en 10 ans. Une croissance importante qu’il faudra gérer, car le potentiel est très important. A ce jour, 85% des outils industriels ne sont pas encore connectés. 15 milliards d’objets seront connectés d’ici fin 2015, mais il seront au nombre de 50 milliards d’ici 2020, selon IDC. Quant au flux de données à stocker et à analyser, il pourrait atteindre 44 zettaoctets, soit 44000 milliards de Go, selon cette même source(*). Il faudra filtrer, analyser et agréger les données avant l’envoi dans le cloud”, explique Laurent Vernat.
Réaliser des objets faible consommation
“Il y a de plus en plus d’acteurs dans le domaine de l’Internet des objets. Nous avons déjà été témoins de nombreuses “success stories”. Nous avons des objets connectés de types très divers : montres, thermostats, alarmes, compteurs, etc… Nous évaluons pour notre part le nombre d’objets connectés sans intervention humaine à 8 milliards d’unités d’ici 2020 dont 3,7 milliards pour les applications grand public, 0,4 milliard pour les transports, 0,3 milliard pour le domaine de la santé, 1,7 milliard pour les infrastructures de bâtiments et 1,5 milliard pour les industries dans les villes de demain. Le principal défi : comment réaliser des objets faible consommation ? Trois standards couvrent plus de 90% des applications sans fil basse consommation : Zigbee, Bluetooth et les fréquences 2,4 GHz et inférieures au GHz”, précise Patrizio Piasentin.
“Le marché de l’Internet des objets nécessite un énorme effort de créativité, des modèles collaboratifs, des partenariats reliant l’industrie avec les start-up. C’est un levier de création de valeur. L’Internet des objets remplit un rôle sociétal dans des domaines variés tels que l’énergie, la santé, les problèmes alimentaires. Il faudra répondre à des enjeux économiques tout en analysant les besoins en matière de sécurité”, souligne Stuart Lodge.
Premier déploiement d’un réseau national dédié à l’Internet des objets
Alain Dantec a, quant à lui, rappelé l’historique de LoRa, solution concurrente de celle de Sigfox, née à la suite de l’acquisition en 2012 de la start-up grenobloise Cycleo par Semtech. Une histoire qui pose la problématique du positionnement stratégique des sociétés de semi-conducteurs dans le contexte du marché prometteur de l’Internet des objets. Elles devront passer d’un modèle de fabricant de semi-conducteurs à celui d’offreur de solutions. “LoRa offre un compromis en termes de débit et de portée. En 2014, les grands déploiements M2M ont eu lieu pour Veolia avec des applications de télérelevés de compteurs d’eau, puis, cette année, avec la création de LoRa Alliance et le premier déploiement d’un réseau national dédié à l’Internet des objets avec Bouygues Telecom. Nous avons un écosystème complet avec une technologie performante et évolutive, des composants et modules pour les terminaux et l’infrastructure, un protocole de communication LoRaWan, des solutions d’infrastructure avec des passerelles et de gestion du réseau, des opérateurs offrant une large couverture et la possibilité de roaming (KPL, Belgacom, Suisscom en Europe), et enfin, des pourvoyeurs de services”, détaille Alain Dantec. “LoRa est une solution prête pour l’Internet des objets, déjà mise en oeuvre sur de multiples réseaux privés, et dont les performances ont été démontrées sur de nombreux réseaux privés à Grenoble, et aux Etats-Unis, en Californie et sur la côte est”, ajoute-t-il.
Relever le défi de la sécurité
Bouygues a testé la solution LoRa pendant 16 mois. Cette évaluation a permis de qualifier la propreté de bande 868 MHz, l’effet de charge et des interférences, l’ingénierie radio en fonction du nombre de sites et d’antennes par site, le taux de couverture en intérieur, la localisation sans GPS. Philippe Cola précise que les deux solutions techniques Sigfox et LoRa ont été comparées, et que suite à l’expérimentation sur le site pilote de Grenoble, c’est la technologie LoRa qui a été retenue. “Pour nous, l’Internet des objets est une continuité de services. Bouygues vend du service et non une technologie. Le grand défi à relever est celui de la sécurité et se conçoit dès la conception du réseau“, souligne-t-il.
Enfin, Eolane est revenu sur le lancement de la Cité de l’objet connecté, née de l’un des 34 chantiers de la Nouvelle France Industrielle. Elle est portée par un groupe d’entreprises industrielles partenaires réunies autour d’Eolane. “Devant la compétition internationale et face à l’accélération des cycles de production, l’innovation ne peut se faire avec succès qu’en réunissant l’ensemble des savoir-faire de conception, industrialisation et intégration”, explique Thierry Sachot. La cité de l’objet connecté réunit des compétences et des métiers (concepteurs, assembleurs, sous-traitants de l’électronique, du numérique, de la plasturgie et de la mécanique) pour offrir une fluidité et une rapidité nécessaires à l’innovation. Elle propose des équipements pour réaliser des maquettes pour 300 € par mois et par personne (400 € en y adjoignant un bureau). Ensuite, la phase industrialisation du produit sera réalisée au cas par cas sous forme de devis.
(*) Etude intitulée “The digital universe of opportunities : rich data and the increasing value of the internet of things”, publiée par IDC pour le compte d’EMC, un spécialiste américain du stockage.